C'est désormais une tradition, avant que la folle saison des festivals estivaux ne reprenne -vous pourrez croiser l'équipe presque au complet aux Eurockéennes ou à Rock en Seine- on va faire un tour au festival Europavox à Clermont-Ferrand. Le festival de musique européenne avec cette année l'Espagne comme pays à l'honneur est en effet un endroit bien agréable pour commencer à se réhabituer aux churros au soleil ou à la bière dégustée dans l'herbe fraiche. Voilà pour le tableau idyllique. Et Europavox c'est un peu le seul festival où il y a un stand de saucisson ou d'aligot, la vie, la vraie elle est là-bas. Sinon il y avait aussi de la musique. De la très bonne.
Jour 1: Soirée d'ouverture
Pour la première journée, deux des trois scènes -le Magic Mirrors et le Foyer- étaient accessibles librement et gratuitement alors que sur la scène de la Coopérative de Mai -payante- jouait Camélia Jordana. Ouais bon voilà, vous comprenez rapidement ce que je ne suis pas allée voir. Nous avons donc préféré nous risquer à aller voir des groupes sur lesquels nous ne savions pas grand chose et il s'avère que ce fut un choix judicieux. On est rapidement passés voir les vainqueurs du tremplin lycée qu'organisait la Coopérative de Mai qui, comble du chauvinisme, étudient au même endroit qui me sert de lieu de torture cérébrale, donc voilà allez jeter un coup d'oeil à Raindrop. Leur set étant identique à celui qu'on avait vu plus tôt dans l'année à la Coopérative de Mai nous ne sommes pas restés guère longtemps. Nous avons en effet préféré vadrouiller vers le stand du Kütu Folk Records avant de nous diriger vers le Magic Mirrors pour aller voir des Norvégiens. Les Disciplines. Okay, pour certaines personnes le chanteur en faisait trop, mais voir quelqu'un se rouler par terre avec des gestes du bassin obscènes je trouve ça plutôt rigolo. Que ce soit au niveau musical ou scénique, cette prestation m'a beaucoup rappelé les Hives. Voisinage nordique sûrement. En tout cas très belle entrée en matière pour Europavox. Je dis pas ça parce qu'il a parlé de fromage. Non. Ca bougeait bien, de la musique qui parle à ton corps et rien d'autre et des fois ça fait du bien. Après on a tenté de rester devant les Tokyo Sex Destruction, mais je sais pas, il manquait un supplément d'âme ou quelque chose du genre. Je ne dirais pas que c'était mauvais, ça m'a juste pas touché, donc je n'ai pas assisté à l'intégralité de leur set. Et je crois que c'est tout pour cette journée là si on exclut le temps passé à regarder des gens massacrer Blur à Guitar Hero. On a loupé Dani Llamas oui et je sais même plus pourquoi.
Jour 2: Tout sauf la soirée urbaine
Le hip hop et tout ça c'est pas trop mon truc, alors même si on avait la possibilité d'aller faire un tour au Magic Mirrors on ne l'aura pas fait. On aura donc débuté la soirée avec les flamands des Black Box Revelation à la petite Coopé. Un set nerveux où les deux garçons démontrent avec une grande habilité qu'une basse ça peut parfois être superflu. L'épisode le plus troublant restera le sourire perpétuel du batteur. Je n'ai toujours pas trouvé de signification adéquate mais en tout cas il avait l'air content d'être là et nous aussi. A côté de ça tu avais le guitariste/chanteur qui avait l'air de bien aimer ce qu'il faisait en méprisant royalement le mythique "premier rang féminin" -ces jeunes gens sont même particulièrement moqueurs vis-à-vis de leurs groupies comme on l'aura constaté aux dépends de pauvres jeunes filles plus tard dans la soirée. Bilan plus que positif même si, apparemment ils ont joué fort. Un choc total avec Nive Nielsen qui jouait à la grande Coopé et qui tout autant que le batteur des BBR avait l'air heureuse de se trouver là. Une Groëlandaise donc qui fait de la pop et qui parle de café pour son chéri -qu'elle avait traité de "silly boy" à la radio et qui ne revenait pas de la force de cette expression- et d'aspirateur perdu. Un truc super rock'n'roll. Si on passe sur les paroles qui ont provoqué une certaine hilarité de notre côté la musique n'en reste pas moins agréable notamment grâce à un groupe particulièrement bon, The Deer Children. Ce fut également l'occasion de vérifier qu'il n'y a rien de plus chiant que les gens qui veulent montrer qu'ils sont dans le truc en tapant dans leurs mains. Mais que quelqu'un lui rende son aspirateur. Après il y avait Rachid Taha avec Mick Jones. Ce genre de choses ne me touchant pas vraiment on a fini par partir avant que Mick Jones fasse son entrée sur scène et joue Should I Stay Or Should I Go, tout ça pour des pandas bizarres. En effet il ne fallait pas être en retard pour assister au live d'Intrumenti, deux lettons qui sont pas tous lettons déguisés en pandas et qui sont vraiment, mais VRAIMENT flippant. Passé le cap du "non mais jamais je tiendrais plus de 10 minutes devant des trucs comme ça" on finit par se laisser bercer par la douce pop un peu bizarre des deux jeunes hommes. Comme c'était au Foyer, l'entrée était libre et gratuite et une partie du public était un peu surprenante, ou décalée. Ils auront néanmoins réussi à faire danser tous les premiers rangs. Expérience très intéressante, même si on aura pas eu le droit à un feu d'artifice. Et Life Jacket Under Your Seat est tout simplement magnifique en live. Un nom à retenir. Et parce qu'on avait froid on est rentrés à la Coopé où se terminait le concert de Gaëtan Roussel. Juste le temps de le voir massacrer les Talking Heads, non pas au niveau instrumental, de ce côté là tout allait bien, ses musiciens avaient l'air bons, mais je ne me ferais jamais à sa voix. On est alors retournés au Foyer voir les Requesters mais trop de tatapoum tue le tatapoum, chiant à en mourir donc on a regardé l'exposition d'affiches qu'avaient réalisés des élèves d'un lycée du Cantal. On reste dans le local. Enfin on est retournés à la Coopé où jouait Boogers. J'ai été relativement déçue, pour faire vite on aurait dit qu'une chèvre était étranglée devant nous. Quand j'ai l'impression de pouvoir mieux chanter que la personne sur scène c'est pas franchement un compliment, loin de là. En plus il y avait nécessité de se reposer pour la grosse journée du samedi où il fallait se découvrir un don d'ubiquité.
Jour 3: Soirée Pop et Haçienda.
Le problème des festivals c'est les time conflicts qu'ils génèrent. Un peu comme s'il te fallait choisir entre ton bras droit ou ton bras gauche. Le samedi on avait donc le choix entre la soirée pop ou la soirée "Haçienda". J'ai tenté de faire les deux, c'était une soirée pour schizophrène. La fin du live de Bigott avait l'air très bonne et aussi fascinante que sa barbe. Un bon truc pour débuter la soirée. Afin d'éviter Hindi Zahra on s'est réfugiés au Magic Mirrors où jouaient les polonais d'Oszibarack. Je suis restée approximativement 4 minutes. Leur électro-pop ne m'a absolument pas séduite donc on a tenté le groupe hongrois qui jouait au Foyer, Amber Smith. Qui m'ont désagréblement rappelé Placebo que j'exècre au plus haut point possible et imaginable. On est restés un peu quand même parce qu'il a annoncé qu'il allait faire une reprise de l'artiste français qu'il préférait et par une nature curieuse on voulait savoir qui c'était. Bah ouais vous l'aurez deviné, Gainsbourg. Mais arrangé d'une manière assez bizarre, suffisamment pour me faire partir. On a donc attendu patiemment les Nits. Des papys bien rigolos oui, on passera sur les tendances gérontophiles de ce webzine. Et comme il y avait manifestement du retard et qu'au Magic Mirrors jouaient les Band Of Skulls on s'est dépêché de rejoindre l'autre scène, à l'autre bout du festival évidemment. Ce fut beau, grandiose et bruyant. J'ai quand même du mal à admettre qu'ils sont anglais, pour moi ils viennent du Texas profond avec leurs guitares lourdes ou agressives et leur batterie diaboliquement efficace. Un truc sale et prenant, tellement qu'on aura oublié de retourner à la Coopé voir le set des Nits. Les Band Of Skulls sont donc des gens à aller voir en live. On aura quand même eu le temps d'assister aux trois dernières chansons des Nits et c'est là que le principe de schizophrénie musicale prend tout son sens. Un univers totalement différent mais tout aussi séduisant. Un grand écart pour les oreilles qui s'est cependant fait de manière assez aisé. Quelque chose de très agréable qui mettait en jambe, ou pas, rapport aux sièges disséminés dans la salle de la Coopé, comme si pour écouter de la pop on était obligés d'être des vieux croûtons fatigués, pour Richard Hawley. Sauf qu'évidemment en même temps il y avait Peter Hook qui rejouait Unknown Pleasures et je ne pouvais pas bouder l'envie que j'avais d'entendre du Joy Division joué en live, même si sans Ian Curtis ça paraissait un peu ridicule. Pour m'excuser on va dire que c'était pour commémorer les 30 ans de la mort de Mr Curtis. Bref, il a commencer par nous jouer tout An Ideal For Living, dans l'ordre et avec une fidélité parfaite. Sauf que c'était pas Ian Curtis au chant. Voilà, ça freine un peu mais entendre No Love Lost en live ça fait quelque chose. Mais Richard Hawley c'est quand même un grand monsieur et par un effort presque surhumain on a fini par se rediriger vers la Coopérative de Mai pour découvrir l'émotion dégagée par notre ami de Sheffield. Quelque chose de tellement prenant qu'il ferait presque pleurer, un grand moment pour une Coopé malheureusement pas complète. De la pop dans toutes ses lettres de noblesse. Le temps de refaire un saut rapide au Magic Mirrors pour entendre la toute fin de She's Lost Control et un tour rapide au Foyer où sévissaient les Music Is Not Fun avec succès et nous retrouvons Richard qui aura presque réussi à nous faire pleurer devant tant de virtuosité. Et un magnifique final sur The Ocean, la larme à l'oeil je vous dis. Pas le temps de se reposer on a enchaîné directement avec JJ. Comment dire ça poliment. Oui voilà, c'était du foutage de gueule. Oh, pas au niveau musical, tout fonctionnait sur ce plan là. Simplement je ne vois pas où est l'intérêt d'un live où ces artsites se contentent de mettre leur laptop en route et à la fille de chanter dessus en s'arrêtant parfois pour reprendre un peu de vin. A l'origine JJ c'est deux Suédois. Le personnage qui sert de "guitariste" n'aura pas servi à grand chose, il demeurait perplexe devant sa guitare, sûrement en train de se demander à quoi tout ça servait, peut être après avoir prit un peu trop d'acide. En tout cas ils n'évoluaient pas dans le même univers que nous. Donc le mec a joué approximativement 4 accords -et je ne plaisante même pas, là est le tragique de l'histoire- en se balladant sur scène, cherchant à embrasser sa compagne de temps à autre ou contemplant les images du film qui passait sur un écran en se cachant derrière la fille qui, de façon imperturbable continuait de chanter, en restant statique. Et ils ont bu, beaucoup de vin. Aucun intérêt en concert, prenez leur album et vous aurez exactement la même chose. Plus que décevant. Et pour se remonter le moral on s'est dit qu'on allait clubber un peu avec Mr Nô, artiste électro local, sauf que je ne suis pas vraiment la personne la mieux placée pour juger de l'électro. Pour moi il n'y avait que des basses dans son set et toutes les mimiques que les artistes électro se sentent obligés de reproduire me fatiguent -exemple, le bonnet au mois de mai, les mouvements des bras perpétuels- et on a préféré se cacher sous une serviette comme le mec de JJ. Toujours lui. Enfin parce qu'un festival c'est quand même super fatiguant on a fini par partir avant la fin de son set.
Ce sera tout pour cette magnifique édition 2010 puisque le Kiwi n'a pas jugé bon d'aller voir Peter Doherty ce soir et de fréquenter la horde d'aspirants hipsters à talons que ramèneront les Plastiscines, même si je serais bien allée voir les Kissaway Trail ou les Funeral Suits.
Je pense qu'on est dans une époque où il serait temps de comprendre que le "laptop" est devenu un instrument comme un autre, qui demande autant d'apprentissage que n'importe quel autre instrument (voire plus).
RépondreSupprimerCela dit, j'avoue que JJ en live, ça doit être chiant.
Ah non mais je t'explique, le mec de JJ a mis l'ordinateur en route, a laissé l'instrumental faire son travail et n'a touché à RIEN. Enfin si, il l'a allumé et il l'a éteint. Donc là non on ne pouvait pas vraiment le considérer comme un instrument...
RépondreSupprimerouais bon, j'avoue qu'il y en a certains qui abusent de ce côté là. pour le coup faut croire que c'est un peu des branleurs JJ...
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=5lleizk7nXU Et encore là le mec est super impliqué.
RépondreSupprimerje pensais que c'était impossible de trouver pire que Joel Gion en terme d'inutilité sur scène, mais au final je crois que ce mec le bat à plate couture. ahah.
RépondreSupprimerEn effet, c'était une bonne blague quand même ^^. Bonne review, je reconnais que le passage de Peter Hook à Richard Hawley fait bizarre mais pour finir une soirée, y'a pas mieux que Richard, c'était beau :)
RépondreSupprimerEt les Nits sont pas des papys, exagère pas non plus ^^(doivent avoir l'age de ton père et du mien).
PS : En plus de l'aligot et du saucisson y'avait des fajitas aussi, quand on vous dit que Clermont c'est le grand écart total !
Oh oui, ce que c'était bien/classe/parfait hier soir !
RépondreSupprimerpas être allé voir pete doherty, c'est un peu renier ses origines non ?
RépondreSupprimerPas nécessairement. Son album solo m'a plus endormie qu'autre chose. Et un mec seul avec sa guitare alors que je l'admire plutôt pour Horror Show ou n'importe quel autre morceau des Libertines, ne pas être allée le voir en live n'est absolument pas une contradiction. Ça m'aurait plus fait mal au cœur qu'autre chose. Pour moi Doherty=Barât. L'un sans l'autre ce qu'ils font n'a plus le sens que tout ça avait avec les Libertines. Je reste une vieille conne de puriste. Renier mes oogines ça aurait plutôt été de refuser de voir les Libertines à la grande époque. Pas à Reading cet été parce que tout le monde sait que tout ça est pour le fric et c'est plus que triste: ça n'a plus rien à voir avec les Libertines d'autrefois.
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