Je pense qu'il est nécessaire d'avertir les lecteurs du Kiwi dès le début, ce live report du concert des Black Rebel Motorcycle Club à la Coopérative de Mai est l'oeuvre d'une fille conquise depuis longtemps par la sensualité testostéronée de Peter Hayes et de Robert Been. Je pense qu'ils auraient pu monter sur scène avec un accordéon et auraient tout de même été scandaleusement rock'n'roll.
Mais avant tout chose, il est nécessaire de souligner ici la prestation des américains de ZAZA. Nous avons eu la chance de rencontrer le groupe avant leur concert et ils avaient alors partagé avec nous leur vision de ce que devrait être celui-ci, à savoir tenter de réadapter leurs chansons délicieusement teintées de shoegaze dans une version live totalement revisitée mais qui reste reconnaissable. Comme ils nous l'avaient annoncé nous n'aurons pas eu le droit à Always On, mais le reste de leurs chansons tirées de leur plus que recommandable EP Cameo plus quelques inédits qui n'y figurent pas. Le son saturé des guitares donnait de plus le ton pour cette soirée: électrique et bruyante. Les voix de Danny et Jennifer se mêlaient alors sous les martellements de Dru devant sa caisse claire. De plus, voir quelqu'un jouer de la batterie debout reste quelque chose de fantastique car peu commun. Et pour les vieux nostalgiques du Velvet Underground -Moe Tucker aurait été la première à jouer de la batterie debout- ça fait plus que plaisir. Le public de la Coopérative de Mai semble également majoritairement avoir apprécié cette performance, que de bon goût. Une fois nos tympans un peu secoués nous étions prêts à accueillir ceux pour qui la majorité des gens étaient présents.
Il me faut d'abord vous parler de Leah Shapiro, ex-batteuse des Raveonettes qui clouera le bec à tous les gens qui pensaient qu'une fille dans le BRMC était totalement absurde. Jamais je n'ai vu quelqu'un frapper avec autant de force sur une batterie tout en s'accordant quelques variations vis-à-vis des versions originales -notamment un usage parfait du tambourrin. J'avoue ne pas très bien savoir comment vous décrire ce que l'on peut ressentir lorsque vous vous prenez littéralement autant de bruit dans la gueule. La puissance des guitares de Peter Hayes et celle de basse de Robert faisaient en sorte qu'aucun jeu de scène n'était nécessaire. Tout était là, un don de deux heures de musique où les riffs les plus agressifs s'entrochoquaient dans une harmonie démentielle. Les BRMC ne sont pas bavards -Peter Hayes aura prononcé de toute la soirée "Good evening"- mais honnêtement, lorsqu'un concert commence aussi fort sur War Machine on ne peut plus que se contenter d'apprécier. Nos oreilles étaient alors prêtes à être maltraitées pour notre plus grand bonheur.
BRMC est un groupe taillé pour les live, déjà dans son salon on a du mal à contenir son énergie que nous procure l'écoute de leurs chansons, mais cela n'a strictement rien à voir avec ce qu'ils peuvent en faire sur scène. J'en prends l'exemple de Red Eyes And Tears, véritable tuerie, étirée en longueur par le groupe. Il est également bon et réjouissant de noter que ce soir le Black Rebel nous a offert une performance qui n'oubliait pas ses anciens albums. Les chansons de Beat The Devil's Tattoo se mêlant merveilleusement bien avec ce que le groupe avait pu offrir auparavant. De plus le public était démonstratif, notamment grâce à la masse de fanboys que comptent Robert et Peter, tout se croisait d'une façon magique. La chanson phare de leur dernier opus, Beat the Devil's Tattoo avec Peter et Robert accordant leurs voix fut tout simplement un instant merveilleux. Peu de chansons, à mon grand regret tirées de Howl, un Ain't No Easy Way Out absolument parfait où l'on ne peut que s'incliner devant tant de maîtrise. Je crois d'ailleurs avoir alors abandonné toute tentative de compréhension sur ce qu'il m'arrivait, la musique a vaincu le peu de cerveau qu'il y avait.
Et surtout il y a eu Berlin. Les petits bruits de Peter Hayes faisant déjà de l'effet sur disque, en live ceux ci le sont encore plus. Après on risquerait de tomber dans l'obscénité. Mais la puissance et la violence des chansons ne faiblit pas, et les Black Rebel vous enmènent dans un voyage où l'on ne sait pas vraiment si l'on va en ressortir vivant. Comme une vision apocalytpique du monde le tout sous une musique tout aussi fracassante qu'efficace. La chanson qui aura fini de mettre le feu aux poudres est Whatever Happened To My Rock'n'Roll, où l'on avait tout autant envie que Peter ou Robert de brailler I GAVE MY SOUL TO A NEW RELIGION. Je crois d'ailleurs que le public s'est mis à bouger à ce moment là mais je dois avouer m'être retrouvée dans un brouillard spatial, il y avait la scène et c'est tout. Puis Robert s'est installé, seul à son piano. Nous avions eu la chance de le voir improviser durant les balances de ZAZA au court de l'après midi et soudainement tout prit forme. On ne pouvait se contenter que d'être captivé par cette mise en musique du poème d'Edgar Poe, Annabelle Lee. Nos seuls moments de répit au milieu de ces décibels avec l'interprétation de Robert toujours seul, cette fois ci assis sur un retour avec pour seule compagnie sa guitare et une déclaration d'amour d'un homme passablement inhibé, ce qui nous permettra de constater que oui, un BRMC ça sait rigoler. Robert nous a repris Visions Of Johanna de Dylan.
Et on est repartis dans la furie de sons que ces sauvages avaient emporté avec eux, River Styx, Shuffle Your Feet, Conscience Killer, Six Barrel Shotgun ou encore un sublime Spread Your Love dans une version allongée. Le temps d'un rappel qui se terminera sur une version ralentie de The Line avec face à nous Peter et Robert, le plus beau moment de ce concert probablement. Peronne n'aura été déçu, deux heures de show, plus que satisfaisant, bien qu'on aimerait toujours que ces moments ne s'arrêtent jamais. C'est ça qui fait leur beauté et ceux-ci sont signe que c'était un grand moment. On comprend aussi aisément que ZAZA ne se lasse jamais de les voir jouer tous les soirs.
Super review!!
RépondreSupprimerPour les avoir vus à Paris hier,je peux confirmer que c'était juste génial!
Sinon après le concert,Robert a t-il fait une session acoustique dans la rue?
Merci bien!
RépondreSupprimerAlors non on a pas eu le droit à une quelconque session accoustique mais d'après ce que j'ai compris de ZAZA ils avaient juste envie de rentrer à leur hôtel. Mais je n'ai aucun regret à avoir. Pourquoi, vous parisiens y avez eu le droit?
Ouai,le cher Robert est sorti du Bataclan avec son acoustique et s'est mis à nous reprendre du Pulp en pleine rue!(Bon avec 100 personnes autour de lui quand même)
RépondreSupprimerAh, c'est plus ou moins injuste en fait! Enfin je n'irais pas me plaindre, on a quand même croisé Peter. Ces gens sont d'une générosité sans limite, c'est beau.
RépondreSupprimerOui d'ailleurs,à Paris un type dans la fosse s'est évanoui en plein milieu de Conscience Killer,Peter l'a vu et ils se sont arrêtés de jouer,pour reprendre avec un pont étrange qui enchaine directement au final.Vachement sympa le Peter.
RépondreSupprimerYes bien intéressant, j'aimerais les voir en live eux.
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