dimanche 30 mai 2010

"BON ON SE MET PRES DE LA PORTE HEIN, AU CAS OU JE ME SENTE PAS BIEN"

D'après une amie, un certain nombre de blogs ont posté sur Enter the Void. N'ayant pas tellement traîné sur la blogo dernièrement, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de les lire, et en grande rebelle que je suis, je vais aussi donner mon avis sur cette oeuvre. En retard en plus.

Parce que Enter The Void, c'est pas vraiment un film, c'est plus une atmosphère. Déjà tu rentres dans la salle, tu te prépares psychologiquement à assister à 2h30 de Gaspar Noé et là, un gros dur de 120kg balance tout haut juste avant le début du film « ça va chier ». Poétique et réaliste.

Et là on te jette le générique. Je crois qu'il parle de lui-même. Il vaut mieux pas être épileptique quoi.

Dès les premières secondes du film, on se sent donc complètement happé par l'écran.

La première partie est filmée à la première personne, c'est-à-dire que oui, là on peut dire qu'on se met dans la peau du personnage. Ça te retourne tellement les tripes que t'en as presque l'impression de te shooter en même temps que les personnages.

Alors comme on peut s'y attendre, les relations entre les différents protagonistes de ce film sont quelque peu... malsaines. Le frère dealer qui se tape la mère d'un de ses clients. La soeur, Paz De La Huerta, la fille au visage angélique (pour ne pas mentionner son corps) qui fait du strip et se tape le patron. Le frère fantasme sur sa soeur. Les potes plus ou moins foireux. Qui fantasment aussi sur la soeur. Et Tokyo. On pouvait difficilement choisir un meilleur décors. Et puis la bande-son en adéquation parfaite avec les images.

Ce qu'il y a de relativement magique dans ce film, c'est qu'il y a des dizaines de petits détails qui se recoupent tout au long du film. Des choses auxquelles tu ne prêtais pas forcément attention mais qui finalement se révèleront décisives. Dans l'idéal il faudrait revoir ce film plusieurs fois. Sauf qu'après un petit débat avec ma soeur, on s'est dit que non, on y retournerait pas tout de suite.

Parce que oui, il y a des scènes insupportables (c'est un film de Noé après tout), de la drogue, de la violence et beaucoup de cul. Surtout à la fin. Mais là encore, le petit Gaspar arrive à me surprendre parce que parmi les scènes à la limite du porno toutes plus glauques les unes que les autres se glissent deux plans (l'un très bref, l'autre assez long) montrant le « vrai » sexe. Sans en faire des tonnes. Et tout de suite, ça devient beau.

Aussi, il y a certaines longueurs (ce qui paraît logique, 150 minutes, c'est pas rien) pendant lesquelles on se dit que si ce film n'avait pas été réalisé par Noé, et donc auréolé d'une certaine aura sulfureuse, il n'aurait peut être pas été financé. D'un autre côté, et après réflexion, toutes les scènes semblent indispensables à la cohérence de cette oeuvre. Certains plans auraient pû être écourtés (les écrans psyché jaunâtres pendant 10 minutes par exemple), mais le film aurait été moins transcendant.

Car il s'agit de bien plus qu'un film. On ne peut pas décemment sortir indifférent de la projection. A chaud, je ne savais pas si je le détestais complètement ou si je le considérais comme un chef-d'oeuvre. Il va me falloir un peu de recul pour trancher. Mais ça m'a marquée.

Visuellement parlant, c'est impressionnant (manière de filmer + couleurs + trips sous acides + psychédélisme), et c'est bouleversant au niveau émotionnel (scénario + ellipses, flashbacks et flashforwards en veux-tu en voilà + jeu des acteurs).

C'est une expérience à vivre.

mercredi 26 mai 2010

"En fait on est de l'école Goldmanienne"

A l'occasion de leur passage à Europavox et après avoir été séduits par leur EP Le Rendez Français -alors que, de vous à moi, la musique en français mouais voilà quoi- le Kiwi en a profité pour rencontrer les Music is Not Fun et leur poser, comme à notre habitude des questions pertinentes. Leur prestation du soir fut tout autant emballante. Discussion décontractée avec Guilaume, Lozérien et amateur de blagues Fun Radio, Julien fan honteux des Libertines et de Laurent Voulzy, Lucas, fils caché de Ringo Starr et JJ Goldman et Valentin qui ne mange pas de kiwis (mais on l'aime bien quand même).

dimanche 23 mai 2010

You leave me down to the ocean

C'est désormais une tradition, avant que la folle saison des festivals estivaux ne reprenne -vous pourrez croiser l'équipe presque au complet aux Eurockéennes ou à Rock en Seine- on va faire un tour au festival Europavox à Clermont-Ferrand. Le festival de musique européenne avec cette année l'Espagne comme pays à l'honneur est en effet un endroit bien agréable pour commencer à se réhabituer aux churros au soleil ou à la bière dégustée dans l'herbe fraiche. Voilà pour le tableau idyllique. Et Europavox c'est un peu le seul festival où il y a un stand de saucisson ou d'aligot, la vie, la vraie elle est là-bas. Sinon il y avait aussi de la musique. De la très bonne.
Jour 1: Soirée d'ouverture
Pour la première journée, deux des trois scènes -le Magic Mirrors et le Foyer- étaient accessibles librement et gratuitement alors que sur la scène de la Coopérative de Mai -payante- jouait Camélia Jordana. Ouais bon voilà, vous comprenez rapidement ce que je ne suis pas allée voir. Nous avons donc préféré nous risquer à aller voir des groupes sur lesquels nous ne savions pas grand chose et il s'avère que ce fut un choix judicieux. On est rapidement passés voir les vainqueurs du tremplin lycée qu'organisait la Coopérative de Mai qui, comble du chauvinisme, étudient au même endroit qui me sert de lieu de torture cérébrale, donc voilà allez jeter un coup d'oeil à Raindrop. Leur set étant identique à celui qu'on avait vu plus tôt dans l'année à la Coopérative de Mai nous ne sommes pas restés guère longtemps. Nous avons en effet préféré vadrouiller vers le stand du Kütu Folk Records avant de nous diriger vers le Magic Mirrors pour aller voir des Norvégiens. Les Disciplines. Okay, pour certaines personnes le chanteur en faisait trop, mais voir quelqu'un se rouler par terre avec des gestes du bassin obscènes je trouve ça plutôt rigolo. Que ce soit au niveau musical ou scénique, cette prestation m'a beaucoup rappelé les Hives. Voisinage nordique sûrement. En tout cas très belle entrée en matière pour Europavox. Je dis pas ça parce qu'il a parlé de fromage. Non. Ca bougeait bien, de la musique qui parle à ton corps et rien d'autre et des fois ça fait du bien. Après on a tenté de rester devant les Tokyo Sex Destruction, mais je sais pas, il manquait un supplément d'âme ou quelque chose du genre. Je ne dirais pas que c'était mauvais, ça m'a juste pas touché, donc je n'ai pas assisté à l'intégralité de leur set. Et je crois que c'est tout pour cette journée là si on exclut le temps passé à regarder des gens massacrer Blur à Guitar Hero. On a loupé Dani Llamas oui et je sais même plus pourquoi.
Jour 2: Tout sauf la soirée urbaine
Le hip hop et tout ça c'est pas trop mon truc, alors même si on avait la possibilité d'aller faire un tour au Magic Mirrors on ne l'aura pas fait. On aura donc débuté la soirée avec les flamands des Black Box Revelation à la petite Coopé. Un set nerveux où les deux garçons démontrent avec une grande habilité qu'une basse ça peut parfois être superflu. L'épisode le plus troublant restera le sourire perpétuel du batteur. Je n'ai toujours pas trouvé de signification adéquate mais en tout cas il avait l'air content d'être là et nous aussi. A côté de ça tu avais le guitariste/chanteur qui avait l'air de bien aimer ce qu'il faisait en méprisant royalement le mythique "premier rang féminin" -ces jeunes gens sont même particulièrement moqueurs vis-à-vis de leurs groupies comme on l'aura constaté aux dépends de pauvres jeunes filles plus tard dans la soirée. Bilan plus que positif même si, apparemment ils ont joué fort. Un choc total avec Nive Nielsen qui jouait à la grande Coopé et qui tout autant que le batteur des BBR avait l'air heureuse de se trouver là. Une Groëlandaise donc qui fait de la pop et qui parle de café pour son chéri -qu'elle avait traité de "silly boy" à la radio et qui ne revenait pas de la force de cette expression- et d'aspirateur perdu. Un truc super rock'n'roll. Si on passe sur les paroles qui ont provoqué une certaine hilarité de notre côté la musique n'en reste pas moins agréable notamment grâce à un groupe particulièrement bon, The Deer Children. Ce fut également l'occasion de vérifier qu'il n'y a rien de plus chiant que les gens qui veulent montrer qu'ils sont dans le truc en tapant dans leurs mains. Mais que quelqu'un lui rende son aspirateur. Après il y avait Rachid Taha avec Mick Jones. Ce genre de choses ne me touchant pas vraiment on a fini par partir avant que Mick Jones fasse son entrée sur scène et joue Should I Stay Or Should I Go, tout ça pour des pandas bizarres. En effet il ne fallait pas être en retard pour assister au live d'Intrumenti, deux lettons qui sont pas tous lettons déguisés en pandas et qui sont vraiment, mais VRAIMENT flippant. Passé le cap du "non mais jamais je tiendrais plus de 10 minutes devant des trucs comme ça" on finit par se laisser bercer par la douce pop un peu bizarre des deux jeunes hommes. Comme c'était au Foyer, l'entrée était libre et gratuite et une partie du public était un peu surprenante, ou décalée. Ils auront néanmoins réussi à faire danser tous les premiers rangs. Expérience très intéressante, même si on aura pas eu le droit à un feu d'artifice. Et Life Jacket Under Your Seat est tout simplement magnifique en live. Un nom à retenir. Et parce qu'on avait froid on est rentrés à la Coopé où se terminait le concert de Gaëtan Roussel. Juste le temps de le voir massacrer les Talking Heads, non pas au niveau instrumental, de ce côté là tout allait bien, ses musiciens avaient l'air bons, mais je ne me ferais jamais à sa voix. On est alors retournés au Foyer voir les Requesters mais trop de tatapoum tue le tatapoum, chiant à en mourir donc on a regardé l'exposition d'affiches qu'avaient réalisés des élèves d'un lycée du Cantal. On reste dans le local. Enfin on est retournés à la Coopé où jouait Boogers. J'ai été relativement déçue, pour faire vite on aurait dit qu'une chèvre était étranglée devant nous. Quand j'ai l'impression de pouvoir mieux chanter que la personne sur scène c'est pas franchement un compliment, loin de là. En plus il y avait nécessité de se reposer pour la grosse journée du samedi où il fallait se découvrir un don d'ubiquité.
Jour 3: Soirée Pop et Haçienda.
Le problème des festivals c'est les time conflicts qu'ils génèrent. Un peu comme s'il te fallait choisir entre ton bras droit ou ton bras gauche. Le samedi on avait donc le choix entre la soirée pop ou la soirée "Haçienda". J'ai tenté de faire les deux, c'était une soirée pour schizophrène. La fin du live de Bigott avait l'air très bonne et aussi fascinante que sa barbe. Un bon truc pour débuter la soirée. Afin d'éviter Hindi Zahra on s'est réfugiés au Magic Mirrors où jouaient les polonais d'Oszibarack. Je suis restée approximativement 4 minutes. Leur électro-pop ne m'a absolument pas séduite donc on a tenté le groupe hongrois qui jouait au Foyer, Amber Smith. Qui m'ont désagréblement rappelé Placebo que j'exècre au plus haut point possible et imaginable. On est restés un peu quand même parce qu'il a annoncé qu'il allait faire une reprise de l'artiste français qu'il préférait et par une nature curieuse on voulait savoir qui c'était. Bah ouais vous l'aurez deviné, Gainsbourg. Mais arrangé d'une manière assez bizarre, suffisamment pour me faire partir. On a donc attendu patiemment les Nits. Des papys bien rigolos oui, on passera sur les tendances gérontophiles de ce webzine. Et comme il y avait manifestement du retard et qu'au Magic Mirrors jouaient les Band Of Skulls on s'est dépêché de rejoindre l'autre scène, à l'autre bout du festival évidemment. Ce fut beau, grandiose et bruyant. J'ai quand même du mal à admettre qu'ils sont anglais, pour moi ils viennent du Texas profond avec leurs guitares lourdes ou agressives et leur batterie diaboliquement efficace. Un truc sale et prenant, tellement qu'on aura oublié de retourner à la Coopé voir le set des Nits. Les Band Of Skulls sont donc des gens à aller voir en live. On aura quand même eu le temps d'assister aux trois dernières chansons des Nits et c'est là que le principe de schizophrénie musicale prend tout son sens. Un univers totalement différent mais tout aussi séduisant. Un grand écart pour les oreilles qui s'est cependant fait de manière assez aisé. Quelque chose de très agréable qui mettait en jambe, ou pas, rapport aux sièges disséminés dans la salle de la Coopé, comme si pour écouter de la pop on était obligés d'être des vieux croûtons fatigués, pour Richard Hawley. Sauf qu'évidemment en même temps il y avait Peter Hook qui rejouait Unknown Pleasures et je ne pouvais pas bouder l'envie que j'avais d'entendre du Joy Division joué en live, même si sans Ian Curtis ça paraissait un peu ridicule. Pour m'excuser on va dire que c'était pour commémorer les 30 ans de la mort de Mr Curtis. Bref, il a commencer par nous jouer tout An Ideal For Living, dans l'ordre et avec une fidélité parfaite. Sauf que c'était pas Ian Curtis au chant. Voilà, ça freine un peu mais entendre No Love Lost en live ça fait quelque chose. Mais Richard Hawley c'est quand même un grand monsieur et par un effort presque surhumain on a fini par se rediriger vers la Coopérative de Mai pour découvrir l'émotion dégagée par notre ami de Sheffield. Quelque chose de tellement prenant qu'il ferait presque pleurer, un grand moment pour une Coopé malheureusement pas complète. De la pop dans toutes ses lettres de noblesse. Le temps de refaire un saut rapide au Magic Mirrors pour entendre la toute fin de She's Lost Control et un tour rapide au Foyer où sévissaient les Music Is Not Fun avec succès et nous retrouvons Richard qui aura presque réussi à nous faire pleurer devant tant de virtuosité. Et un magnifique final sur The Ocean, la larme à l'oeil je vous dis. Pas le temps de se reposer on a enchaîné directement avec JJ. Comment dire ça poliment. Oui voilà, c'était du foutage de gueule. Oh, pas au niveau musical, tout fonctionnait sur ce plan là. Simplement je ne vois pas où est l'intérêt d'un live où ces artsites se contentent de mettre leur laptop en route et à la fille de chanter dessus en s'arrêtant parfois pour reprendre un peu de vin. A l'origine JJ c'est deux Suédois. Le personnage qui sert de "guitariste" n'aura pas servi à grand chose, il demeurait perplexe devant sa guitare, sûrement en train de se demander à quoi tout ça servait, peut être après avoir prit un peu trop d'acide. En tout cas ils n'évoluaient pas dans le même univers que nous. Donc le mec a joué approximativement 4 accords -et je ne plaisante même pas, là est le tragique de l'histoire- en se balladant sur scène, cherchant à embrasser sa compagne de temps à autre ou contemplant les images du film qui passait sur un écran en se cachant derrière la fille qui, de façon imperturbable continuait de chanter, en restant statique. Et ils ont bu, beaucoup de vin. Aucun intérêt en concert, prenez leur album et vous aurez exactement la même chose. Plus que décevant. Et pour se remonter le moral on s'est dit qu'on allait clubber un peu avec Mr Nô, artiste électro local, sauf que je ne suis pas vraiment la personne la mieux placée pour juger de l'électro. Pour moi il n'y avait que des basses dans son set et toutes les mimiques que les artistes électro se sentent obligés de reproduire me fatiguent -exemple, le bonnet au mois de mai, les mouvements des bras perpétuels- et on a préféré se cacher sous une serviette comme le mec de JJ. Toujours lui. Enfin parce qu'un festival c'est quand même super fatiguant on a fini par partir avant la fin de son set.
Ce sera tout pour cette magnifique édition 2010 puisque le Kiwi n'a pas jugé bon d'aller voir Peter Doherty ce soir et de fréquenter la horde d'aspirants hipsters à talons que ramèneront les Plastiscines, même si je serais bien allée voir les Kissaway Trail ou les Funeral Suits.

samedi 22 mai 2010

"France is the only fucking place to eat cheese"

Je crois que je n'ai jamais rencontré d'artiste plus sympathique et accessible que les membres de ZAZA. Groupe originaire de Brooklyn ils assuraient la première partie des Black Rebel Motorcycle Club en Europe et leur musique délicieusement teintée d'un psychédélisme planant nous avait séduit. Nous avons donc profité de leur passage à la Coopérative de Mai pour rencontrer Danny et Jennifer. Et parler de fromage, évidemment.
Le Kiwi: Comment se déroule la tournée jusque là? Danny: Fantastique. Jennifer: Comme dans un rêve. C'est une expérience tellement différente de pouvoir partir en tournée avec des gens qui sont vos amis et avec un vrai public qui comprend vraiment votre vision. C'est incroyable parce qu'à New-York il y a une vraie scène qui s'est construite et je ne dirais pas que nous en faisons partie mais j'ai l'impression que les publics ont été tellement respectueux et réceptifs sur cette tournée... C'est juste beaucoup de compréhension donc ça a vraiment été génial pour nous. Et parfois j'ai l'impression que l'Amérique nous perd un peu. Danny: Ouais les gens ici apprécient juste plus la musique en concert. Nous sommes alors interrompus puisqu'il était temps pour le groupe d'aller faire les balances. Nous les retrouvons donc un peu plus tard. Le Kiwi: Quelles sont vos principales influences? Danny: L'un et l'autre. (rires) Jennifer: Oui l'un et l'autre et je suis très influencée par tout ce qui est lié à l'art, l'art visuel, le nouvel art gothique, les vampires. Pour plaisanter on dit toujours qu'on est une bande de vampires en train de rôder tout habillés en noir. Je suis très inspirée par New-York, New-York est très inspirant, il y a énormément de mouvement et de vitesse et je suis inspirée par les gens qui font la merde qu'ils ont envie de faire. Danny: Je suis très inspiré par l'émotion, les choses qui ont un réalisme émotionnel. Il y a beaucoup de musique qui est très bien faite techniquement mais à quoi il manque une vraie âme. Quelque soit le genre, shoegaze, dance, rock'n'roll ou techno. Peu importe. Le style peut être aussi bien gothique ou new wave à partir du moment où l'artiste met de l'émotion dans son travail et que l'on peut voir ou entendre cette émotion, c'est ce par quoi je suis attiré. Ce n'est pas un genre, un groupe ou une personne en particulier, c'est la façon de penser qui à mes yeux fait de l'art quelque chose de bien. Jennifer: De la sincérité oui. Danny: Même si c'est fait avec les moyens du bord, que c'est un gribouillage ou quelqu'un qui chante faux, du moment qu'il y a de l'âme dedans, c'est ce qu'il y a d'important. Le Kiwi: Dans votre musique êtes-vous influencés par un auteur quelconque? Jennifer: Tout à fait. Les livres sont mes amis, mon premier grand amour. J'ai vraiment beaucoup été influencée par Anne Rice ces derniers temps, c'est cette romancière célèbre qui a écrit sur les vampires et les sorcières, c'est assez cool. Danny lit tout ce qui a trait à la socio-politique. Je lis principalement des biographies ou des romans d'amour. Je viens de lire l'autobiographie de Patti Smith qui s'appelle Just Kids. C'était brillant et superbement écrit. Ca parle du mouvement artistique progressiste de New-York à la fin des années 60, Andy Warhol, Jimi Hendrix, The Velvet Underground, toutes ces petites histoires rigolotes à propos de Jim Caroll, l'auteur, c'est simplement génial. Donc j'ai vraiment été inspirée par ça dernièrement. C'est rattaché à New-York et à ses icônes. C'est un endroit tellement magnifique, plein de ces personnages puissants qui produisent beaucoup. Danny: Des auteurs? Beaucoup de ce que je lis sont des dystopies et de la science fiction -pas de la science fiction de comptoir cependant- parce qu'avec la science fiction, en particulier, beaucoup des idées qui sont développées sont à propos des problèmes sociaux actuels, et parfois même développent des idées romantiques mais celles-ci sont présentées différemment. Quand tu écris des chansons c'est en quelque sorte la même chose que tu fais, tu prends quelque chose de relativement simple et tu le manipules tellement que c'est encore ça mais avec une présentation différente. Mais Jenny est la vraie lectrice. Je suis l'écrivain. Elle corrige beaucoup ce que je fais, me dit si c'est mauvais ou si c'est de la merde. Jennifer: Je ne dis jamais que c'est de la merde mais "tu peux mieux faire". Danny: C'est bien d'avoir quelqu'un pour corriger, je fais la même chose avec le travail de Jenny. Jennifer: Ce que j'écris est toujours parfait. Non je plaisante. (rires) Danny: Je ne sais pas, peut être que je ne suis simplement pas suffisamment intelligent pour lire. J'essaye de lire l'Enfer de Dante. C'est pas que ce n'est pas bon, ça va, mais je ne prends pas de plaisir à lire ça. Mais je peux finir un livre de science fiction en un peu près trois heures même si je suis supposé faire quelque chose d'autre. Je m'assoie et Jenny essaie de me faire sortir ou de répéter. Avec n'importe quel autre livre je finis par m'endormir. Jennifer: C'est quelque chose qui vient avec l'âge, quand on commence à accepter ce qu'on aime vraiment au lieu de ce qui a l'air d'être cool. J'étais du genre à dire "j'adorerais lire Ulysse de Joyce ou la Bible" mais je ne l'ai pas fait parce que ça ne m'intéresse pas vraiment. Pour la première fois de ma vie, je préfère admettre qu'Anne Rice et les vampires m'obsèdent. Plus on lit ce genre de littérature, plus l'estime qu'on en a augmente. Ce que je veux dire c'est qu'on doit juste aimer ce qu'on aime. Danny: C'est la même chose avec la musique. Parfois les gens sont du genre à dire "tu devrais écouter ce truc de jazz d'avant-garde ou de noise". Jennifer: Je me rappelle que tu m'as dit que tu détestais le jazz d'avant-garde du genre "je déteste vraiment ça putain". Danny: Tu as l'impression d'avoir la pression pour arriver à le comprendre. Je ne dis pas que c'est mauvais, je ne le pige pas. Donc pourquoi je dépense tout ce temps à essayer de comprendre ça alors que ça ne représente rien pour moi? Jennifer: C'est une longue réponse. Le Kiwi: Comme vous êtes de Brooklyn, pouvez-vous nous expliquer pourquoi il y a tant de groupes de là-bas? Jennifer: Parce qu'à Brooklyn il y a de l'espace. Manhattan est simplement surpeuplé. Et à l'origine, Brooklyn, ce sont de vieilles usines transformées en loft ou en espace de répétition donc tous les artistes sont partis de Manhattan pour Brooklyn parce que c'est plus abordable financièrement et qu'il y a plus de place. C'est probablement pourquoi il y a un tel mouvement là-bas. Mais je pense qu'émotionnellement et artistiquement c'est la même chose qu'on a pu dire de New-York. Les gens vont à New-York comme pour aller voir un monument. Tout le monde va là bas. Le Kiwi: Comme pour Berlin. Jennifer: Ouais, parce qu'il y a juste un mouvement qui a lieu là-bas et New-York a eu une activité assez stimulante pendant des décennies. Danny: Ca bouge en quelque sorte tout autour de la ville. il y a quelques années tous les artistes venaient de l'East Village, après ça a été le Lower East Side... Je suis sûr qu'il y a ce même mouvement d'artistes qui déménagent dans des endroits abordables à Londres ou à Paris. Puis ces endroits sont exploités par les entrepreneurs, des gens plus riches enménagent et font partir les artistes qui vont dans un autre endroit abordable et ça recommmence comme dans un jeu entre un chat et une souris. Actuellement Brooklyn est assez abordable mais c'est en train de devenir cher, je pense que le processus est déjà en cours. Maintenant tout le monde déménage pour le Queens parce que c'est là où se trouvaient tous ces complex avec des studios et des salles de répétition. Mais je pense qu'il y a quelque chose à New-York qui attire les jeunes artistes américains, quelque chose de spécial. Quelqu'un me racontait qu'il y a des cristaux sous Manhattan, quelque chose comme un magnétisme. Enfin je ne sais pas vraiment, il y a vraiment quelque chose de spécial avec cette ville. Quelque chose dans l'eau. (rires) Le Kiwi: Votre EP, Cameo, était téléchargeable gratuitement sur votre site internet. Quel futur pensez-vous qu'internet réserve pour les groupes de demain? Jennifer: On nous pose beaucoup cette question en fait. Danny: Je pense qu'internet est vraiment un outil génial: il permet un grand nombre de possibilités et je pense que c'est désormais aux artistes de l'utiliser de façon individuelle comme un outil. Juste parce qu'internet existe ne signifie pas que les choses sont plus simples ou plus difficiles. C'est juste la façon dont vous l'utilisez à votre avantage. Les gens disent que la musique sur internet signifie la mort de l'album. Je pense que pour beaucoup de groupes l'album est plus important à faire parce qu'avec les fichiers mp3 tout est réduit à trois minutes. Ce n'est pas la façon dont tu comprendras un groupe, ce n'est pas la façon dont tu comprendras ce sur quoi ils ont travaillé pendant un an et tu ne peux pas faire l'expérience d'acheter l'album entier et de l'écouter pendant 45 minutes, une heure ou une heure et demie. On a fait ce que Radiohead avait fait, proposer notre album gratuitement ou pour un prix quelconque et dont on ne peut pas séparer les chansons pour les acheter individuellement. C'était mon plan à l'origine, mais ça a un peu foiré puisqu'on a fini par les mettre sur itunes, donc maintenant on peut acheter les chansons individuellement. Il y a l'industrie et les gens qui lui font faire des choses, parce que l'industrie ne cherche qu'à faire des profits et ils feront tout dans ce but. S'ils proposent plus de chansons de façon individuelle et que les gens les achètent comme ça, ils continueront de fonctionner de cette manière. Mais si l'artiste dit "non, nous voulons avoir ces choses sur lesquelles on a travaillé" et qu'ils demandent et se battent pour ça l'industrie l'acceptera. Mais une fois de plus c'est entre les mains des groupes. Je veux dire l'électricité ou l'internet sont des choses géniales mais je le redis, ce ne sont que des outils. C'est le genre de réponse que vous vouliez? J'essaye de ne pas être long ou de vous donner une réponse de 10 minutes donc j'espère vous avoir répondu quelque chose d'utile. Jennifer: Il me dit que mes réponses sont trop courtes et les siennes trop longues. Ouais enfin, je ne suis pas tellement d'accord avec Danny... Danny: Vicieuse! Jennifer: Je pense simplement que tout est un outil qui doit être utilisé dans toute leur capacité. Je me rappelle quand je commençais à m'intéresser à la musique et il y avait tous ces fanzines et on devait aller chez nos potes pour pouvoir écouter de la musique et les enregistrements. On ne pouvait pas simplement aller sur le MySpace et écouter comment le groupe sonnait pendant deux secondes. Tout est immédiat. Il y a une immédiateté mais votre soif de nouveauté est constante et en même temps c'est pas très exitant. Pour Zaza on s'intéresse de près à l'artwork. D'habitude on joue nos concerts avec l'artwork que nous réalisons mais on ne pouvait pas l'emporter avec nous en Europe. On essaye également de communiquer d'une manière intelligente avec les gens qui s'intéressent à notre musique et d'avoir un esthétique globale. Ce que je veux dire c'est que tout est pensé est calculé pour Zaza parce que tout est si facilement accessible. On joue toutes nos chansons avec une énergie différente en live par rapport aux chansons studios et on veut que ce soit un aspect intéressant de venir voir un groupe en live. Vous savez, c'est pas comme si vous veniez nous voir et que c'est la même chose que sur notre CD. Ce n'est pas intéressant du tout. Nous sommes intéressés par comment on peut s'éloigner de tout ça, comment utiliser l'accessibilité de l'internet par ses côtés positifs et également comment sortir de l'infrastructure de l'internet. Le Kiwi: Quels sont les groupes que vous écoutez en ce moment? Jennifer: On aime vraiment Fever Ray. Danny: Fever Ray ouais. Jennifer: j'aime vraiment le dernier album des Raveonettes. Il n'y en a pas énormément en fait. Je veux dire on a énormément écouté le Black Rebel, tous les soirs, et c'est tellement inspirant. On les regarde jouer 2 heures tous les soirs et on est jamais là à faire "Oh mon Dieu", mais "bordel!", tous les soirs. Donc les Raveonettes, Fever Ray, The Kills, The Black Ryder qui sont d'Australie et qui sont un groupe fantastique. Danny: Health... Jennifer: Je pense que c'est tout, mais j'essaye de penser à ce qu'on aime mettre sur la route avec l'ipod. Le Kiwi: Beyoncé? (nous avions en effet parlé de l'amour que Jennifer portait de manière curieuse à Beyoncé hors interview) Danny: Justin Timberlake. Jennifer: Non, j'écoute pas tellement Justin Timberlake ou Beyoncé, juste suffisamment pour leur piquer des rythmes. Danny: On s'intéresse tous les deux beaucoup aux groupes de Brooklyn, Yeasayer par exemple. Jennifer: J'aime tellment de groupes, c'est ridicule, mais là où on vit on voit Yeasayer, TV On The Radio, Blonde Redhead, Sonic Youth... Tu sors et tu tombes sur ces personnes qui vivent à New-York, c'est génial. Danny: Yeasayer répète au même endroit que nous, ils sont de l'autre côté du mur. Leurs répétitions sont toutes fantastiques. C'est comme regarder Black Rebel sur scène, les voir faire tout ce qu'ils font c'est... Jennifer: Tous les soirs ils donnent tout alors que nous on est crevés. Avant de monter sur scène ils se donnent des baffes, sautent partout pour faire couler un peu de sang. Et moi je suis là: "peut être que je devrais laisser Danny me donner des baffes. Oh non, ça abîmerait mon maquillage". (rires) Danny: c'est la même chose avec Yeasayer et c'est pour ça que je dis que ce groupe est inspirant. Ils viennent dans le studio de répétition et y travaillent tout le temps qu'ils y sont. La plupart des groupes viennent à quelque chose qui ressemblerait à une répétition, boivent de la bière, traînent et enfin, jouent peut être de la musique. Enfin, si tu travailles sur quelque chose dans l'optique d'une carrière et que c'est quelque chose que tu veux plus que tout au monde, tu dois quand même te comporter de manière professionnelle. Mais il y a plein de glandeurs. Comme le dit Jenny, les Black Rebel sont incroyables, la masse de travail qu'ils font, pendant 6 mois de l'année lorsqu'ils ne sont pas en studio... Le Kiwi: Nous n'avons plus que des questions qui nécessitent une longue réponse, donc peut être pouvons-nous vous en poser une très stupide. Jennifer: Demandez nous ce que vous voulez! Le Kiwi: Que pensez-vous du fromage français? Jennifer: Fantastique! Oh mon Dieu, c'est super bizarre, on parlait de ça juste avant, c'est trop bizarre que vous nous posiez cette question! On disait que la France est le seul putain d'endroit pour manger du fromage. Danny: c'est pas seulement le fromage, c'est Tout. Jennifer: Tout est tellement délicieux. Danny: il n'y a pas d'hormones ou des produits chimiques bizarres, même vos oranges ont un meilleur goût. Jennifer: On va en manger de suite! On aime vraiment vraiment vraiment ça. Je suis folle de fromage aujourd'hui. Tellement délicieux. Rien d'autre ne m'intéressait. Votre fromage est tellement bon, c'est incroyable. Danny: Il devrait y avoir des distributeurs de fromage comme ceux de Coca-Cola aux Etats-Unis. Jennifer: On parlait de fromage à l'étage tout à l'heure et on était en train pleurer en remerciant le ciel pour le fromage français. En fait j'adorerais en manger maintenant. Le Kiwi: Ouais, Clermont-Ferrand est un endroit où il y a beaucoup de fromage. Jennifer: Oh vraiment? La prochaine fois, ramenez-moi en un. Non, je plaisante. Non mais c'est vraiment cool. Si je pouvais je prendrais mon sac et j'en ramènerais un dedans. Le Kiwi: Ca pue un peu quand même après... Jennifer: Ca vaut le coup. On adore ça.
Crédit photo: Angel Ceballos

vendredi 21 mai 2010

« I'm Doing This Because I Want To Do It BETTER »

Pas plus tard qu'hier soir, je suis allée au Centre Pompidou (le jeudi, c'est le jour bien aimé des visites nocturnes) pour y découvrir la nouvelle exposition temporaire du sixième étage : Dreamlands (5 mai - 9 août).
Moi au début, forcément, j'avais ma petite idée sur la question. Dreamland -j'en avais souvent entendu parler- c'est le parc de Coney Island, dans l'état américain de New York, qui était vraiment dingue (on peut parler d'architecture du sensationnel, là) mais qui a été détruit par un incendie en 1911.
Et Coney Island, dans l'imaginaire collectif des jeunes gens qui s'intéressent plus à la musique et au cinéma qu'à l'architecture, ça fait directement penser à Lou Reed, baby, et à Requiem For A Dream. Mais ça donne déjà le ton.
Ainsi, c'est un univers quelque peu déroutant qui se matérialise devant nos yeux. Dans lequel l'imaginaire et la réalité se confondent. Tout ces nouveaux "dreamlands", qui cherchent à mêler rêve et divertissement et qui nourrissent les utopies et la création artistique, s'inscrivent dans le cadre d'une société de loisirs et s'imposent aussi comme de nouvelles normes urbaines et sociales. D'où l'exemple des métropoles récentes comme la ville de Shanghaï et son projet de neuf villes reproduites à l'intérieur. Un Disneyland pour adultes en somme. Les salles consacrées à Las Vegas et Dubaï sont assez révélatrices de ce genre de mutation urbaine. L'architecture à thème le long du "Strip" de Vegas, jusqu'au pastiche et au kitsch, est présentée finalement comme une colonisation du réel par la fiction.
Le début de l'exposition (parce qu'il aura fallu commencer par là) nous plonge dans le cadre des expositions universelles, avec notamment le pavillon de Salvador Dali pour la Foire internationale de New York de 1939. De l'art immergé dans la culture de masse, volontairement.
Parmi les oeuvres exposées, retenons, entre autres : une ville artificielle créée à partir d'os à mâcher pour chien ("Like it, Bite it!") ; un Balaiffel (balai en forme de Tour Eiffel qui a amassé un troupeau de petites Tour Eiffel souvenirs) ; un paravent représentant le derrière du panneau Hollywood (et de l'autre côté : il n'y plus rien, d'où le jeu du support-surface qui se retrouve également dans la ville elle-même) ; des tours de Manhattan présentées comme des automates faisant une sorte de gym tonique déconcertante devant un tas de détritus (matière avec laquelle les tours sont elles aussi formées) ; des photos d'objets courants qui sont positionnés de façon à représenter des monuments ou lieux célèbres ; un espace dédié à Kandor, capitale de la planète d'origine de Superman, Krypton ("la cité utopique du futur qui n'a jamais vu le jour").
À la fin des années 1950, le célèbre Walt Disney en personne, passionné d'urbanisme et de nouvelles technologies, imagine une cité du futur : EPCOT (Experimental Prototype Community Of Tomorrow) dont les dessins et maquettes sont visibles. « It's like the city of tomorrow ought to be. A city that caters to the people as a service function. It will be a planned, controlled community, a showcase for American industry and research, schools, cultural and educational opportunities. » Finalement, le projet s'éteint en même temps que son auteur, avant de resurgir en 1982 sous la forme d'un parc à thème.
Pour finir, un court-métrage très "ville-fantôme", dans lequel une ville créée ex nihilo est filmée pendant 26 minutes, reprend le titre de la ville érigée sous l'égide de la société Disney au début des années 1990 (Celebration). Encore une fois, le résultat est très flippant.
Dreamland brûle. Villes-décor, villes-collage, le reste suit "naturellement". Du copier/coller dans une monde à l'ère de sa reproduction. Démocratisation de la culture, utopie ou crise des représentations ?
Dreamland brûle.

jeudi 13 mai 2010

Spread Your Love

Je pense qu'il est nécessaire d'avertir les lecteurs du Kiwi dès le début, ce live report du concert des Black Rebel Motorcycle Club à la Coopérative de Mai est l'oeuvre d'une fille conquise depuis longtemps par la sensualité testostéronée de Peter Hayes et de Robert Been. Je pense qu'ils auraient pu monter sur scène avec un accordéon et auraient tout de même été scandaleusement rock'n'roll.
Mais avant tout chose, il est nécessaire de souligner ici la prestation des américains de ZAZA. Nous avons eu la chance de rencontrer le groupe avant leur concert et ils avaient alors partagé avec nous leur vision de ce que devrait être celui-ci, à savoir tenter de réadapter leurs chansons délicieusement teintées de shoegaze dans une version live totalement revisitée mais qui reste reconnaissable. Comme ils nous l'avaient annoncé nous n'aurons pas eu le droit à Always On, mais le reste de leurs chansons tirées de leur plus que recommandable EP Cameo plus quelques inédits qui n'y figurent pas. Le son saturé des guitares donnait de plus le ton pour cette soirée: électrique et bruyante. Les voix de Danny et Jennifer se mêlaient alors sous les martellements de Dru devant sa caisse claire. De plus, voir quelqu'un jouer de la batterie debout reste quelque chose de fantastique car peu commun. Et pour les vieux nostalgiques du Velvet Underground -Moe Tucker aurait été la première à jouer de la batterie debout- ça fait plus que plaisir. Le public de la Coopérative de Mai semble également majoritairement avoir apprécié cette performance, que de bon goût. Une fois nos tympans un peu secoués nous étions prêts à accueillir ceux pour qui la majorité des gens étaient présents.
Il me faut d'abord vous parler de Leah Shapiro, ex-batteuse des Raveonettes qui clouera le bec à tous les gens qui pensaient qu'une fille dans le BRMC était totalement absurde. Jamais je n'ai vu quelqu'un frapper avec autant de force sur une batterie tout en s'accordant quelques variations vis-à-vis des versions originales -notamment un usage parfait du tambourrin. J'avoue ne pas très bien savoir comment vous décrire ce que l'on peut ressentir lorsque vous vous prenez littéralement autant de bruit dans la gueule. La puissance des guitares de Peter Hayes et celle de basse de Robert faisaient en sorte qu'aucun jeu de scène n'était nécessaire. Tout était là, un don de deux heures de musique où les riffs les plus agressifs s'entrochoquaient dans une harmonie démentielle. Les BRMC ne sont pas bavards -Peter Hayes aura prononcé de toute la soirée "Good evening"- mais honnêtement, lorsqu'un concert commence aussi fort sur War Machine on ne peut plus que se contenter d'apprécier. Nos oreilles étaient alors prêtes à être maltraitées pour notre plus grand bonheur.
BRMC est un groupe taillé pour les live, déjà dans son salon on a du mal à contenir son énergie que nous procure l'écoute de leurs chansons, mais cela n'a strictement rien à voir avec ce qu'ils peuvent en faire sur scène. J'en prends l'exemple de Red Eyes And Tears, véritable tuerie, étirée en longueur par le groupe. Il est également bon et réjouissant de noter que ce soir le Black Rebel nous a offert une performance qui n'oubliait pas ses anciens albums. Les chansons de Beat The Devil's Tattoo se mêlant merveilleusement bien avec ce que le groupe avait pu offrir auparavant. De plus le public était démonstratif, notamment grâce à la masse de fanboys que comptent Robert et Peter, tout se croisait d'une façon magique. La chanson phare de leur dernier opus, Beat the Devil's Tattoo avec Peter et Robert accordant leurs voix fut tout simplement un instant merveilleux. Peu de chansons, à mon grand regret tirées de Howl, un Ain't No Easy Way Out absolument parfait où l'on ne peut que s'incliner devant tant de maîtrise. Je crois d'ailleurs avoir alors abandonné toute tentative de compréhension sur ce qu'il m'arrivait, la musique a vaincu le peu de cerveau qu'il y avait.
Et surtout il y a eu Berlin. Les petits bruits de Peter Hayes faisant déjà de l'effet sur disque, en live ceux ci le sont encore plus. Après on risquerait de tomber dans l'obscénité. Mais la puissance et la violence des chansons ne faiblit pas, et les Black Rebel vous enmènent dans un voyage où l'on ne sait pas vraiment si l'on va en ressortir vivant. Comme une vision apocalytpique du monde le tout sous une musique tout aussi fracassante qu'efficace. La chanson qui aura fini de mettre le feu aux poudres est Whatever Happened To My Rock'n'Roll, où l'on avait tout autant envie que Peter ou Robert de brailler I GAVE MY SOUL TO A NEW RELIGION. Je crois d'ailleurs que le public s'est mis à bouger à ce moment là mais je dois avouer m'être retrouvée dans un brouillard spatial, il y avait la scène et c'est tout. Puis Robert s'est installé, seul à son piano. Nous avions eu la chance de le voir improviser durant les balances de ZAZA au court de l'après midi et soudainement tout prit forme. On ne pouvait se contenter que d'être captivé par cette mise en musique du poème d'Edgar Poe, Annabelle Lee. Nos seuls moments de répit au milieu de ces décibels avec l'interprétation de Robert toujours seul, cette fois ci assis sur un retour avec pour seule compagnie sa guitare et une déclaration d'amour d'un homme passablement inhibé, ce qui nous permettra de constater que oui, un BRMC ça sait rigoler. Robert nous a repris Visions Of Johanna de Dylan.
Et on est repartis dans la furie de sons que ces sauvages avaient emporté avec eux, River Styx, Shuffle Your Feet, Conscience Killer, Six Barrel Shotgun ou encore un sublime Spread Your Love dans une version allongée. Le temps d'un rappel qui se terminera sur une version ralentie de The Line avec face à nous Peter et Robert, le plus beau moment de ce concert probablement. Peronne n'aura été déçu, deux heures de show, plus que satisfaisant, bien qu'on aimerait toujours que ces moments ne s'arrêtent jamais. C'est ça qui fait leur beauté et ceux-ci sont signe que c'était un grand moment. On comprend aussi aisément que ZAZA ne se lasse jamais de les voir jouer tous les soirs.

mardi 11 mai 2010

"Ce soir dans Triste Monde Tragique"

Le Festival d'Animation d'Annecy approchant à grand pas, je me sens d'humeur à vous faire partager quelques coup de cœur d'animation. Et d'ailleurs, au diable les conventions, je vais d'abord en profiter pour faire un peu de pub à une de mes amies ainsi qu'à moi même, puisque nous avons réalisé en tandem notre propre petit court-métrage en pâte à modeler. La vraie raison pour laquelle je commence par ça, c'est que je ne me permettrais pas de passer après le travail de vrais professionnels, ce serait terriblement honteux. Donc voici pour vous "Pablo pique un saut " (ou "Paul en ski") : Bon, il est temps maintenant pour moi de me confesser, car oui, je suis devenue, en l'espace de quelques semaines, accro. Non pas à la drogue, à l'alcool, au sexe, à la cigarette ou au chocolat. Non. A Daria. Alors qu'est-ce que Daria me direz vous. Ce n'est ni plus ni moins qu'une série, et qui plus est une assez ancienne (enfin 1997, mais à cette époque je n'étais même pas encore capable de déchiffrer la composition de banals Chocapic sur l'arrière du paquet, donc je range ça dans l'ancien temps.) Il se peut que vous ne soyez pas à la masse comme moi et que vous connaissiez déjà, mais si ce n'est pas le cas, l'erreur doit être impérativement réparée (en allant ici par exemple). En gros c'est l'histoire d'une adolescente marginale et relativement associable, qui pose un regard dur sur le monde dans lequel elle vit, le tout agrémenté d'une quinzaine de personnages récurrents aux personnalités assez originales, que ce soit Jeanne, sa meilleure amie, artiste peintre , Kevin, le quaterback de l'équipe du lycée et sa petite amie Brittany (qui bien sur est pompom girl) , Trent (ou comme j'aime l'appeler au risque d'être pathétique : sexy Trent), musicos blasé et endormi, qui joue dans un groupe nommé Spiral Mystyck (oui oui deux "y"), dont ils vont sûrement changer le nom, ou encore Quinn, soeur de Daria et pourtant son opposé le plus total. Tout ça n'est bien sur qu'une toute petite partie de la génialité de ce dessin-animé. Prière d'en abuser. Dernière chose et puis je vous laisse. Au départ je ne comptais pas du tout en parler mais, prise d'une soudaine envie, je viens d'en écouter la BO, donc j'aimerais que vous alliez regarder The Snowman. Quand les bonhommes de neiges prennent vie à minuit, cela donne un magnifique dessin animé, sans paroles, où se mêle toute la poésie de l'enfance et de Noël. Ce court-métrage de 1982 est signé Dianne Jackson, et est tiré d'un livre pour enfants de Raymond Briggs. En voici un extrait (je crois même qu'il est possible de le visionner en entier sur Youtube).

samedi 8 mai 2010

"Il est fromager?"

Malgré ce que peut en dire Pebble et votre opinion parisienne formatée selon laquelle en Auvergne, à part des vaches des TER il ne passe rien, cette conception obsolète est fausse. En effet, la ville héberge un foyer de musiciens assez important. Les Kissinmas en font partie, et comme on est jamais mieux servis que par soi même, le Kiwi est parti à la rencontre de ce groupe aux influences britpop manifestes juste avant leur concert dans le cadre intimiste du Baraka. Le concert en lui même fut sans réelle surprise, agréable comme à leur habitude. Le genre de musique idéale lorsque, le dimanche matin, motivé comme on le sait, vous cherchez désespérément un disque capable de vous mettre de bonne humeur et de vous sortir hors de votre lit. Des titres accrocheurs et efficaces qui méritaient bien qu'on s'y attarde un peu plus. Le Kiwi: Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, je vais vous demander de vous présenter... Matthieu (basse): On s'appelle les Kissinmas, on est une formation à 5 depuis 1 an puisqu'avant on était 7 et on a fait pas mal de concerts avec cette formation là. Donc il y a Benjamin qui chante, je fais de la guitare... Benjamin (chant): Tu fais de la basse. Matthieu: Ah merde je fais de la basse. Benjamin: On vous explique, avant on avait un bassiste et Matthieu faisait de la guitare. Matthieu: Voilà je suis passé à la basse y'a un an, un an et demi et j'ai pas encore intégré le truc. Donc c'est Sylvain qui fait de la guitare, Raph à la batterie et Pog qui fait du clavier. Le Kiwi: On m'a dit que vous ne répondiez pas à la question d'où vient le nom Kissinmas, donc je vais pas vous la poser... Benjamin: On s'en rappelle plus en fait, c'est trop loin. Matthieu: Un nom aussi con... Le Kiwi: Mais pourquoi avez-vous choisi de prendre des surnoms? Matthieu: Au début quand on a fait le groupe on trouvait ça cool d'angliciser nos noms. En fait c'est des formes simplifiées de nos noms de famille et de nos prénoms. Benjamin: On a fait beaucoup de choses pour se marrer au début du groupe. C'était un peu du second degré au début puis finalement c'est resté. Matthieu: Les gens connaissent plus nos surnoms que nos noms maintenant. Benjamin: Même nous on sait plus vraiment comment on s'appelle. Le Kiwi: Au niveau des influences, c'est plus britpop non? Matthieu: Au départ ce qui nous a rassemblé c'est parce que dans les soirées on écoutait Pulp, Blur ou Supergrass ensemble. D'autres choses aussi mais c'est surtout cette musique. Le Kiwi: Sur Clermont, il y a une activité musicale assez importante, vous le sentez comment vous? Matthieu: On le sent beaucoup comme Clermont est une petite ville et qu'il y a beaucoup de groupes, tout le monde se connait donc on se rend bien compte qu'il y a des concerts tout le temps, des groupes supers qui sortent des disques sans arrêt. Même il paraît qu'un groupe clermontois a vendu 100,000 albums... Un duo de folk apparemment (ndlr, nous parlons bien évidemment ici de Cocoon...). Mais c'est clair qu'à Clermont il y a vachement de trucs qui se passent. Le Kiwi: Y'a eu le titre de capitale du rock (Clermont avait battu Bordeaux) aussi. D'ailleurs captiale du rock, c'est pas plutôt capitale du folk? Matthieu: Ouais c'est un peu ça, depuis ce duo folk. Benjamin: A cause du Delano aussi (Matthieu est également guitariste au sein du Delano Orchestra, ndlr). Matthieu: A cause de, ouais. (rires) Le Kiwi: Oui aussi peut être grâce au label, le Kütu (Kütu Folk Records est un label basé à Clermont qui signe des artistes que je vous recommande chaudement): Benjamin: Ouais voilà. Matthieu: C'est vrai mais bon au final y'a de tout. Mais c'est vrai que les médias se sont beaucoup focalisés sur le folk, y'a pas de doute. Le Kiwi: Donc il y a Clermont et il y a aussi Bordeaux dont l'antenne bordelaise n'est pas d'avis que Clermont est aussi rock'n'roll que ça... Benjamin: C'est de bonne guerre. Matthieu: C'était marrant ce titre de capitale du rock mais bon ça représente pas grand chose dans la réalité. Benjamin: Peut être parce qu'il n'y avait pas les bons groupes de rock à ce moment là. (rires) Matthieu: Surtout que dans toutes les grandes villes universitaires en France t'as des tonnes de groupes super bien. Le Kiwi: C'est vrai qu'il y a eu un petit retour du rock. Matthieu: Voilà et après t'as les médias qui se focalisent plus sur une ville et les gens ont l'impression qu'à Clermont y'a plein de trucs, mais il se passe pas plus de trucs qu'à Lyon, qu'à Montpellier, qu'à Toulouse, qu'à Bordeaux ou qu'à Paris. Benjamin: Dis pas ça. Faut pas dire ça. Y'en a qui vont regarder ça. Matthieu: Je vais me faire castrer. Benjamin: Exactement. Le Kiwi: La Coopérative de Mai, la grosse salle de la ville joue un rôle important aussi dans la promotion des groupes peut être. Matthieu: Ouais et puis elle a toujours soutenu les groupes de Clermont un peu émergents en les mettant en première partie, en les aidant matiériellement et parfois financièrement. C'est toujours un gros appui la Coopé pour les groupes, c'est clair. Le Kiwi: Si vous avez des influences britpop, vous envisagez de finir comment en fait... Matthieu: Tu veux dire, est-ce qu'on va se mettre sur la gueule comme certains? Le Kiwi: Non c'est un peu plus fin que ça, un peu plus musical... Benjamin: Ben là on tourne d'une façon assez dramatique vers les années 80. Après si on veut faire des sous on va faire de la folk. Mais bon on est pas très bons donc on fera pas de sous. Le Kiwi: En fait ma question c'était, pensez-vous finir comme Alex James comme fromager... Matthieu: Il est fromager? Le Kiwi: Il fait du fromage oui. Benjamin: C'est pas con ça. Le Kiwi: Ou alors, comme Jarvis Cocker en gros playboy? Matthieu: Oh bah lui il va te répondre Jarvis Cocker, je pense, parce que le fromage... Benjamin: Ouais, moi le fromage... Le Kiwi: Ouais mais qu'est-ce qui rapporte le plus après... Matthieu: Ouais enfin si on pouvait finir à Hyde Park comme Blur et tourner un DVD, ça pourrait être pas mal. Mais fromager je savais pas. Benjamin: Tu veux tenter ça? Le Kiwi: La reconversion dans le fromage... Benjamin: Lui c'est plutôt la boucherie. Matthieu: Ouais peut être plutôt la viande moi. Benjamin: Tu peux mettre des trucs dans le fromage. Le Kiwi: Sinon je me suis pas mal documentée sur Internet... Benjamin: Ah les rumeurs! Matthieu: C'est le passage potin de l'interview! Le Kiwi: Vous avez pas mal de groupies... (les deux prennent un air étonné mal simulé) Matthieu: Ah non. Le Kiwi: Vous avez beaucoup de messages féminins, et vous avez même eu un forum qui vous avait été consacré... Matthieu: Oh putain où t'es allée chercher des trucs... Benjamin: On fait pas exprès hein. Matthieu: C'est naturel. Voilà nous avons un charisme naturel. Benjamin: On finit jamais d'être un sex symbol. Matthieu: Toi t'as une formule toute faite, tu l'as marquée sur ton avant bras. Le Kiwi: C'est pas un peu lié à vos danses aussi? Matthieu: A ses danses, c'est lui le danseur. Le Kiwi: Ca me faisait penser au chanteur des Friendly Fires, je sais pas si vous avez déjà vu des vidéos de lui. Les deux: Euh non. Le Kiwi: Bon disons qu'il a une façon de danser très particulière... Matthieu: Très suggestive? Benjamin: Vas y explique! Le Kiwi: Disons qu'il a un mouvement du bassin assez prononcé. Matthieu: Ah voilà, t'as un spécialiste du mouvement du bassin là! Benjamin: Mais c'est pas facile. Je fais pas ça à froid. Je m'échauffe une demie heure avant, sinon claquage et ton concert est grillé. Matthieu: Et plus y'a de monde plus il les fait. Le Kiwi: C'est de l'exhibitionnisme en fait. Benjamin: Un peu ouais. Le Kiwi: C'est pour ça le groupe de pop et tout ça... Benjamin: Oh c'est juste pour se foutre à poil. C'est très clair. Matthieu: Tu sais nous la musique, du moment qu'on peut se dessaper en public. Benjamin: Non mais la musique ça a jamais vraiment été mon truc. Le Kiwi: Plus le fromage... Matthieu: Tu sais que j'y ai réfléchi vraiment. Benjamin: Si tu sors un fromage tu touches des royalties dessus? Matthieu: Si tu composes un fromage... Benjamin: Un fromage en forme de vinyle. Matthieu: Quand il y aura notre disque on mettra un bout de fromage. Benjamin: Ou alors un vinyle en fromage, tu graves un sillon et tu peux le mettre sur ta platine! Matthieu: Tu vois avec tes questions tu nous donnes des idées, comme si on avait besoin d'avoir encore plus d'idées à la con. Et puis il y a des vidéos qui trainent sur internet, mais si t'en parles pas c'est que t'as pas du les voir. Le Kiwi: Dans une cuisine? Matthieu: Ouais si alors tu les as vues. Benjamin: Des trucs pas jolis jolis. Non mais si vous saviez combien de personnes tournaient cette vidéo. Le Kiwi: Non mais c'est bien au moins c'est rigolo. Moi ça m'a fait rire en tout cas. Matthieu: Ah oui oui, si c'était pas moi ça me ferait rire aussi. Le Kiwi: J'espère que vous ne l'avez pas faite sobre quand même. Benjamin: Si si, sobres. Matthieu: En pleine après midi! Benjamin: Même pas il était 11 heures du matin je crois. Le Kiwi: Un lendemain de fête alors... Benjamin: Même pas, en toute connaissance de cause. Matthieu: Complètement lucides. Le Kiwi: Bon on parle de tout sauf de la musique! Benjamin: En même temps la musique... On se fait chier à parler de musique. Le Kiwi: Donc vous avez sorti deux EP, au niveau de l'album on en est où? Benjamin: Il est fini! Matthieu: Fini, enfin. Benjamin: Pour la sortie y'a rien de fait. Mais il est fini, il est bouclé, mixé, masterisé... On a mis un bout de temps à le faire. Le Kiwi: Vous avez enregistré où? Matthieu: A Clermont, avec Pascal Power Mondaz, qui a enregsitré Delano... Le Kiwi: Y'a des choses qui changent? Matthieu: Non, je pense que pour les gens qui nous connaissent y'aura pas forcément de grosses surprises. Benjamin: Y'a du vieux, y'a du neuf... Matthieu: Oui donc des vieux titres ou des titres plus récents parmi la tonne de chansons qu'on avait. Le Kiwi: Donc on reste dans la même veine? Matthieu: Je pense que c'est assez varié. On voulait pas faire un album entièrement dansant ou disco punk (les Kissinmas ont une chanson qui s'appelle Disco Punk Is Too Easy, ndlr). Benjamin: Y'a des trucs très dansant. Matthieu: Y'a de la pure britpop, des ballades, y'a de la New Wave, y'a tout ce qu'on aime bien. Le Kiwi: Y'a une sortie de prévue? Matthieu: C'est pas défini. On sait pas trop comment on le sort, on sait pas trop quand. On sait qu'on va le sortir, sous peu. Benjamin: Je sais qu'on va en vendre deux millions mais on sait pas encore comment. Matthieu: Mais pour l'instant nous sommes dans l'expectative. Le Kiwi: Vous avez pas une blague? Benjamin: Oh les blagues on est pas très forts. Matthieu: Moi j'en ai pas. Benjamin: Tu peux montrer ton cul. Matthieu: Non... y'a déjà assez de documents compromettants sur internet. Benjamin: On va vraiment passer pour des cons. Matthieu: Et encore, toi t'es pas sur facebook, t'as pas tes exploits en photo. Benjamin: Je refuse facebook. Matthieu: T'as raison. Le Kiwi: Non mais il faut contrôler... Benjamin: Je suis le seul maître de mon image. Matthieu: Voilà tu pourras conclure là dessus, Ben T est le seul maître de son image.

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mardi 4 mai 2010

UNMADE BEDS

Alors non, je ne comprendrai jamais pourquoi certaines personnes décident de changer des titres de films qui étaient en anglais (Unmade Beds, donc) pour en faire un autre titre, toujours en anglais, mais beaucoup moins bon (London Nights, donc). On peut dire la même chose de The Boat That Rocked / Good Morning England. Bref.
Alors quoiqu'en disent les Inrocks ou autres journaux, moi j'ai aimé ce film. On pourrait avancer que oui, parfois, c'est un peu cliché, que c'est plus ou moins prévisible, que ça manque de tranchant... Mais en même temps, moi on me sert du Kimya Dawson en bande-son et je fond directement. Le reste de l'OST est tout aussi génial honnêtement.
Et puis il y a Deborah François.
Et la manière de filmer, filtres et gros plans, en veux-tu en voilà.
Et les scènes d'amour superbes.
Et l'errance poétique des personnages.
Et les polaroids.
Et les histoires complètement improbables.
Je suis vraiment incapable de rédiger correctement la critique d'un film, je veux bien l'avouer. Mais je sais distinguer les films que je reverrai avec plaisir parce que je suis sortie de la salle avec un large sourire imprimé sur mon visage.
+ Il faut aller voir New York I Love You aussi les enfants. Pas vraiment comparable au Paris Je t'Aime, dont certains courts n'étaient pas très accessibles, mais visuellement très beau et touchant.
Oui je soutiens les films qui ne sont pas très bien notés par la presse et je le vis bien.

samedi 1 mai 2010

Beaver Patrol

On le sait tous, les années 60 et 70 sont souvent synonymes de garage expérimental avec prise d'acide en prime qui aboutit à des créations sonores particulières. Les bien fameuses et recommandées depuis très longtemps compilations Nuggets nous ont aidé à faire le tri parmi la pléthore de groupes qui affluaient à ce moment là. Globalement, on a fait le tour des artistes/chansons que nous proposaient ces compilations. Je ne crache pas dessus, mais si vous êtes avides de ces choses il y a encore mieux: j'ai nommé les compilations Pebbles (kikou notre petit caillou sur le Kiwi). Qu'est-ce donc concrètement que les Pebbles? En gros une collection de chansons de groupes improbables qui sont tous plus ou moins dans la même veine garage/psychédélique des années 60. Majoritairement présentant des groupes américains il arrive néanmoins que des groupes "connus" apparaissent. Enfin quand je parle de connus: entendons nous, j'évoque les Thursday's Children ou des Bobby Fuller Four (ouais y'a même le I Fought The Law (But The Law Won) dessus). Des noms qui ne diront donc rien à un néophyte du genre. Mais là où les Pebbles sont intelligents c'est qu'ils vont nous piocher les chansons les moins écoutées de ces groupes. Bénis soient ces hommes qui pensent à des boulimiques de musique comme moi.
En plus, je crois me souvenir que feuilletant le livret du volume 5 l'auteur des lignes présentant les groupes ignorait parfois leur situation géographique "je crois qu'ils sont candiens mais ils peuvent peut être venir du Nouveau Mexique". Le genre d'amateurisme mou du gland que j'affectionne particulièrement. Bref, que retenir de ces compilations? Que c'est très compliqué et assez hétéroclite. Quand je dis compliqué c'est au niveau de l'organisation, rééditions, réhabilitations dans des box spéciales et tout le tralala. Même avec Wikipédia (moquez vous), je n'y comprends rien. Je préfère être honnête. Mais si j'ai bien démélé les noeuds, on part sur une base de 28 LPs. Ouais je sais ça fait gros, les 10 premiers semblent d'ailleurs chaudement recommandés, mais si vous êtes pro musique garage suisse de l'époque, prenez le volume 27, il leur est consacré. Donc parfois certains volumes ont des spécificités. Sauf que 28 LPs, en euphémisant quelque peu, ça fait gros. C'est pourquoi, les gentils garçons ont sorti un box set des Pebbles regroupant en 5 CDs (on tombe dans le plus raisonnable je l'avoue) le meilleur de tout ça c'est à dire les 5 premiers volumes mais avec des chansons en moins. La crème de la crème si vous voulez. En plus ils sont trouvables assez aisément -j'étais tombée sur le volume 5 à la médiathèque de Vichy pour tout vous dire, parfois on a des belles surprises en effet.
Si vous aimez le surf rock, courez chercher le volume 4. Pour les autres, voilà mes chouchous. Tout d'abord une reprise sur le volume 1 absolument gigantissime du ô si connu Like A Rolling Stone de notre Bobby bien aimé par les Soup Greens. Les Rascals (oui les enfants il existait un groupe dans les années 60 qui avait eu la même idée que notre ami Miles Kane, impressionant) en avait déjà fait quelque chose de très bien mais les Soup Greens enmènent la chanson dans des contrées psychotiques absolument délicieuses qui vous met sur le cul. Sur le volume 5, se trouve It's A Crying Shame des Gentlemen. Un truc bien énervé avec un écho lointain des 13th Floor Elevators, ce qu'ont de toute façon tous ces groupes. La chose appréciable étant qu'ils n'ont pas besoin de 8 minutes pour boucler leur affaire, toute est question de nervosité et d'exitation. You Need Love de Danny & The Counts est également bien tordue dans le trip psychédélique "prends de l'acide avec moi et ramène ta guitare". Et puis, il y a I Tell No Lies des Escapades, qui me rappelle un petit groupe irlandais actuel dont je ne peux m'empêcher de parler dès qu'on m'en donne la possibilité. les Urges. Allez voir sur Spotify et sortez votre mini-robe trois trous ou votre costume de Mod.
Je suis très brève mais il y a tant à dire que je préfère ne pas en faire trop, non pas par question de fainéantise mais pour vous permettre de découvrir la chose dans les même conditions d'émerveillement qu'un faux cheval pas si blasé que ça. Enfin je vous laisse je vais me prendre un Trip avec Kim Fowley.