vendredi 1 octobre 2010

Coucou

On a un nouvel URL! Dingue dingue dingue. See you there!

mercredi 28 juillet 2010

- Qu'est ce que tu fais si je meurs aujourd'hui? - Je mourrai demain.

Le cinéma l'été, qu'on se le dise, ce n'est pas vraiment une période propice aux chefs d'oeuvres. On retiendra que:
  • Prince of Persia (dont je ne mettrai pas de lien) est la pire daube de l'histoire de l'humanité. Je me suis endormie pour la première fois de ma vie au cinéma, c'est dire. Je ne développerai même pas sur les effets spéciaux médiocres, le jeu des acteurs nullissimes ou les décors en carton-pâte. C'est inutile.

  • Dog Pound est un concentré de violence (contenue, ou pas d'ailleurs) qui vous colle à votre siège pendant 90 minutes. Chapiron termine par une scène mythique, qui montre que la haine peut se propager d'une manière invraisemblable. Mention spéciale pour Adam Butcher, simplement génial et dont les expressions du visage marquent réellement.

  • Comme je suis une fan absolue de Bill Nighy, je suis allée voir Petits meurtres à l'anglaise. Et c'est sans surprise que j'ai assisté à une fort sympathique comédie anglaise, pleine de quiproquos et répliques improbables. En plus il y a Emily Blunt, que j'avais bien aimée dans Sunshine Cleaning l'an passé. À voir en VO bien sûr.

  • Le tant attendu Inception. En gros on a: un casting assez impressionnant (DiCaprio, Joseph Gordon-Levitt, Ellen Page, Cillian Murphy, Marion Cotillard, Mickael Caine...), un réalisateur accompli (Christopher Nolan), un scénario complexe sans être incompréhensible (cf David Lynch), des plans à couper le souffle... C'est relativement impossible à expliquer, on se sent complètement happé par l'histoire. Bref, c'est à voir absolument au cinéma.

J'ai aussi vu 500 jours ensemble (chez moi et en retard). C'est assez étrange car atypique et banal à la fois. Les flash backs incessants nous font passer de la joie à la tristesse en un claquement de doigts. La petite soeur de Gordon-Levitt (très bon, comme d'habitude) est magistralement interprétée par Chloe Moretz, aka la Hit Girl de Kick Ass. Sinon la perfection de Zooey Deschanel commence à être pénible à vivre pour les filles comme moi.

Bonus: une bande son magique (au hasard, Regina Spektor et les Black Lips).

Petit zoom sur J'ai tué ma mère. Le film est sorti en 2009. Le metteur en scène, Xavier Dolan est né en 1989. Oui, vous avez bien compté, ça fait 20 ans. Ce premier long métrage a même été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes. Bref, ce jeune québécois est un petit génie.

Le film est précieux, dans le sens où chaque détail est pris en compte. Plans fixes, ralentis, décors étudiés, gros plans... on pourrait croire que Dolan a 30 ans d'expérience. Pourtant, le film a un côté très adolescent, naïf, presque puéril par moments. Dolan filme par exemple deux mères: la sienne, qu'il haït et celle de son amoureux, qui en est l'exacte opposée (elle fume, se tape des jeunôts et accepte parfaitement l'homosexualité de son fils).

Ce film aborde des thèmes durs en utilisant des images sublimes: la relation mère-fils, la relation père absent-fils, les relations amoureuses, la fidélité, le pardon en sont quelques exemples. Sur les moult disputes du film, celle entre la mère et le directeur du lycée restera la plus impressionnante. On notera qu'il faut un petit temps d'adaptation à l'accent québecois tout de même.

Le prochain film de Dolan, Les Amours Imaginaires, sortira le 29 septembre. On y sera, bien sûr.

jeudi 24 juin 2010

We've got to put the sun back in our hearts

Pour certains l'été rime avec camping sauvage, concerts dans le sable ou dans la boue, bière dans l'herbe et churros à la main, quelques grammes dans le sang -oui alors là tu as ma vision toute personnelle d'un festival- et d'autres de l'eau, beaucoup d'eau, ou alors beaucoup d'air pur -ouais ça change des salles de concert- et du vide. Bon les deux sont pas non plus inconciliables, néanmoins pour tromper la quiétude de ces derniers je vous propose un article casse-gueule spécial "les machins qu'on aime bien écouter en vacances", même que des fois on s'autorise quelques écarts de bon goût. Bande son spéciale "les vagues se fracassent dans ton casque WESC trop mega hype" -ouais je les trouve moches et d'une qualité merdique.
Alors que le reste de l'année, tout en te les caillant en regardant la neige, la grêle ou la pluie tomber -rayer la mention inutile- tout comme Anton Newcombe tu chantonnes Let's Pretend It's Summer, AYE, une fois les merdouilles universitaires réglées tu te prends un Violens tout nouveau et bien nerveux dans la gueule. Voilà, l'été 2k10 peut commencer. En beauté donc parce que ce nouveau Violens dont l'intro est un peu suffisante à elle seule pour me faire dire que ça donne envie de sauter partout en lappant son lait comme un chat. Concept vacances équilibrées. Bon je m'éloigne un peu du sujet là, j'étais censée parler de jeunes gens bien musclés qui dansent sur une plage californienne. Ouais bon okay, californien c'est peut être un peu exagéré. Donc pour faire honneur au kiwi qui nous sert de logo, un groupe tout droit venu de Nouvelle-Zélande. Je vous l'avais dit, on fait dans l'exotique. J'aurais aussi pu vous parler de Best Coast dont le clip de When I'm With You, totalement ridicule et donc follement captivant, colle bien avec tout ce bazar.
Surf City est donc un groupe de jeunes gens que j'espère plus propres que le son qu'ils produisent même si, avouons-le tous en coeur, les gens sales on aime tout(e)s ça -potentiel groupie à 400%. J'ai en effet toujours trouvé que les guitares saturées allaient très bien avec une ambiance estivale. Va savoir pourquoi. En tout cas je trouve ça globalement assez lumineux et tout ça donne envie de courir sur une plage avec un chapeau de paille sur la tête, sable dans tes bouclettes. Ah et aussi ça changera de ces Drums dont le chanteur m'exaspère et me fatigue plus qu'autre chose. Et Let's Go Surfing a suffisamment tourné l'été dernier pour ne pas friser l'overdose. Je réécouterais probablement dans deux ans, le temps de tasser tout ça, on peut pas se permettre d'être dans la hype sur le Kiwi. Enfin pour te rassurer ouais des fois j'écoute pas de la musique de dépressive chronique même si ça fait bien de se faire passer comme tel, exemple: la reprise de Kokomo par Adam "je montre mon pénis sous toutes ses coutures sur mon blog" Green et Ben "je live-twitte la naissance de mon deuxième gosse en causant un traumatisme chez des jeunes gens pas préparés" Kweller.
Ah oui sinon un truc sympa et super oldschool c'est d'écouter Holiday des Kinks sur une plage anglaise, jamais des paroles n'ont autant correspondu à une ambiance: "Looking in the sky, for a gap in the clouds / Sometimes I think that sun ain't never coming out". Si on veut en revenir aux choses sérieuses et un peu plus urbaines les Beach Fossils sont des jeunes personnes tout à fait recommandables pour égayer des heures d'ennui marquées. Signe de goût supplémentaire ce groupe de Brooklyn -encore oui- aux guitares claires joue même sur plusieurs dates avec Here We Go Magic. Tant de beau monde donnerait presque envie de se faire naturaliser aux Etats-Unis, même si c'est un peu complexe. Sinon un de mes péchés-mignons reste d'écouter des niaiseries des années 60, bien pop. Là j'aimerais bien te sortir que c'est pour me "rappeler du bon vieux temps et de mon enfance" sauf que même mon père n'a pas vécu son adolescence dans cette décennie. On repassera pour la crédibilité. Donc voilà, écouter Do You Believe In Magic des Lovin Spoonful au petit déjeuner est capable de vous mettre de bonne humeur même si un gros porc vous mange sa tartine de beurre de façon malpolie dans l'oreille. Ce n'est en aucun cas une expérience vécue, je démens formellement.
Les exigences du métier me contraignent à m'arrêter là alors que votre été ne fait que débuter et qu'un tas d'autres chansons mériteraient d'être citées. Faudrait songer à inventer une playlist ou quelque chose du genre parce que ça aurait pu partir dans du "ah ouais mais Sea Within A Sea c'est coule à écouter aussi quand il fait tellement chaud que t'arrives plus à dormir", le genre de truc lourd. Enfin tout ce dont on est sûrs c'est qu'au mois d'octobre vous aussi vous chanterez en coeur avec The Coral pour ramener le soleil dans votre vie et votre coeur. Mojitos dans la main et moustiquaire au dessus de la tête je vous salue bien bas. Ou presque.

lundi 21 juin 2010

"Comment on va appeler ça?"

A Clermont-Ferrand il existe un label de qualité et avec un intérêt assez porté sur les univers entourant les artistes qu'il signe. Que ce soit pour Leopold Skin, The Delano Orchestra, Pastry Case, St Augustine ou plus récemment Soso, Hospital Ships et Evening Hymns, tous ont créé et défendent un univers qui leur est propre. Le Kütu Folk Records, dont les magnifiques pochettes cousues sont reconnaissables entre mille et son actualité plus que riche nous a incité à rencontrer dans ce qui a de plus en plus ressemblé à un véritable entretien le manager du Kütu Folk Records et chanteur/guitariste au sein du Delano Orchestra, tellement que nous vous le proposons en plusieurs parties -t'as vu comme on prend soin de notre lectorat sur le Kiwi.
Le Kiwi: Quelles sont vos impressions par rapport au Lündi Kütu qui a eu lieu il y a 2 jours?
Alexandre: J'ai trouvé que c'était assez troublant comme expérience, c'était vraiment, oui en fait, une expérience. La danse mêlée à l'écoute de l'album, ça a un peu divisé au sein de l'équipe, un peu polémique sur le fait de savoir si la danse prenait pas le pas sur l'écoute et si on avait pas pris en otage les gens par rapport à tout ça. Mais si c'est de mon point de vue je suis satisfait parce que j'aime bien essayer d'être exigeant avec le public, avec nous mêmes aussi. Donc voilà il fallait un peu de préparation, un peu d'exigeance, c'était le premier, les autres auront une autre forme, une autre tournure. Y'aura de la vidéo c'est sûr, y'aura plein de trucs.
Le Kiwi: Pourriez-vous introduire le label à nos lecteurs?
Alexandre: On a créé le label avec Damien de Leopold Skin. Au départ, on avait quelques noms de groupes à peine, on avait un monté un projet en une semaine qui s'appelait 20206. Donc c'était au mois de février, on avait enregistré un petit album, un petit EP tous les deux, c'était un truc où il y avait une sincérité qui se dégageait de tout ça. On avait juste eu l'envie de le sortir, d'en faire une petite vingtaine d'exemplaires et donc ça été très vite, on a dessiné sur des pochettes carton et puis on s'est dit « tiens on va essayer de le sortir comme ça » . Puis on a plié une pochette et on s'est dit « tiens on a qu'à les coudre et on va les amener chez Spliff (disquaire indépendant de Clermont, ndlr) et puis aller chez Gibert et à la FNAC ». Ca a commencé comme ça, et après chacun a fait ses disques personnels et donc on a toujours pris cette forme là et c'est donc cette soirée là quand on avait fini d'enregistrer et tout qu'on s'est dit « comment on va appeler ça? » et « on va appeler ça Kütu Records » à cause de ce lien avec les pochettes cousues. Et en fait je crois qu'on sentait déjà un truc, nous on aimait l'objet disque. Enfin Damien il dirait plutôt qu'il aime l'objet vinyle maintenant et qu'il en a marre des disques et tout ça. Moi je trouve que c'est important d'avoir un objet quand on écoute la musique et du coup que l'objet soit différent c'est important et le label quand on le définissait avec Damien, on voulait que ce soit des musiques sincères. Du coup des choses qui viennent d'une personne, que ce soit assez personnel, très sincère. Et donc voilà on a commencé à travailler avec des artistes qui étaient plus de la région donc François de St Augustine qui était déjà dans l'aventure, même quand on a créé le truc et Bertrand de Pastry Case est arrivé un petit peu après. Les choses ont avancé un peu et en 2009 on s'est dit « on va essayer de concrétiser tout ça, on va vraiment sortir les disques au niveau national », donc on a trouvé un distributeur, des petits distributeurs à l'étranger aussi, et toujours en essayant de garder cette ligne de conduite. Et c'est vrai qu'après il faut essayer d'aller chercher d'autres groupes et on a fait des choix tous ensemble toujours sur cette même lignée de groupes qui défendent une musique qui est personnelle. Alors le folk pour nous c'est plus la sincérité.
Le Kiwi: Et ces nouveaux artistes c'est vous qui allez les chercher ou c'est eux qui vous contactent?
Alexandre: On a tous été les chercher. Pour Evening Hymns on les connaissait via Magic qui nous avait dit qu'ils était en recherche de label et ils leur avaient dit « y'a Kütu Folk ça peut être bien ». Là, récemment y'a des artistes qui me contactent, ça a jamais correspondu à nos choix mais des fois c'est un peu mélangé, on sait plus trop qui a contacté l'autre en premier mais là pour les 3 sorties qui arrivent, donc Soso, Hospital Ships et Evening Hymns on les a plutôt contacté.
Le Kiwi: Le visuel semble avoir une grande place au sein du label, c'est vraiment important pour vous?
Alexandre: En fait, je peux pas croire qu'un artiste qui fasse de la musique et qui la fasse quand ça vient vraiment au fond de lui, que c'est vraiment personnel et tout ça, qu'il ait pas envie de travailler aussi sur tout ce qui entoure sa musique. Et que ce soit pour la vidéo, les types de pochettes et tout ça. C'était une sorte d'exigeance de base du label de dire que les pochettes doivent être dessinées intégralement par l'artiste. Enfin y'a pas de raison que l'artwork soit fait par une autre boîte. Comment une autre personne peut s'approprier le travail et la musique de l'artiste alors qu'il peut le faire, même s'il dessine mal, il doit au moins aller au bout de son truc et nous c'est ce qu'on demande et c'est ce qu'on exige aussi des artistes étrangers en fait. Après chacun a ses domaines de prédilections, François de St Augustine il dessine beaucoup donc c'est une bonne occasion. C'est pareil pour les clips, au départ y'a eu des propositions et des clips qui ont été fait et puis en fait non c'est pas possible ça correspond pas aux images que j'avais de la musique. Je commence à faire des clips, un film pour le prochain album, en fait je fais un film intégral.
Le Kiwi: Comme vous êtes très impliqués dans le visuel, est-ce que vous avez pour projet de sortir un peu de ce rôle de label et de faire des expos avec des dessins, quelque chose de plus graphique?
Alexandre: J'y pense beaucoup. Parce que je crois que le CD c'est un peu fini et qu'il va falloir offrir aux personnes qui sont intéréssées à la musique d'autres choses. Et donc y'a plein de projets qui sont liés à ça avec d'autres artistes de travailler sur l'art, le dessin, tout ce qui est externe à la musique en fait. On a déjà exposé les dessins de François au musée d'art Roger Quillot.
Le Kiwi; Ce qui est étonnant c'est que parfois, des gens sur Clermont vous connaissent pas alors que vous faites pas mal de choses...
Alexandre: Moi je trouve ça très sain que justement on soit pas très connus. Je trouve ça sain parce qu'à un moment on a fait vraiment beaucoup de concerts sur Clermont, au début on faisait venir d'autres groupes et tout ça. Et presque je trouve qu'il y avait un manque de reconnaissance par rapport aux institutions quand on jouait à la Coopé. Enfin maintenant c'est bon, c'est fait et après pour le public je me dis qu'on concerne une mine de public et y'a des moments où parce que c'ets des concerts gratuits y'a un public plus large qui va venir et il découvre quelque chose et c'est tant mieux. Mais après on fait pas de la musique populaire, ça j'en suis conscient et du coup tant mieux. Donc le but c'est d'être toujours là dans un territoire le plus large possible. Et c'est pour ça que les sorties des artistes étrangers c'est hyper intéressant parce que du coup ils font parler de nous un peu ailleurs. J'aime bien cet aspect discrétion aussi. C'est sain, c'est une progression. Ce qui me fait très peur c'est que les labels ça fonctionne souvent avec l'idée du buzz. Il faut faire le buzz le plus rapidement possible et à l'artiste de profiter de son buzz et après le buzz qu'est-ce qu'on fait? Et moi je veux absolument pas que ça se passe comme ça. Souvent quand tu fais un buzz en début de truc t'es pas au point sur plein de choses, tu peux pas maîtriser tout ça. Et je pense que c'est des problématiques qui se posent même avec des groupes de Clermont qui ont fait le buzz, je sais pas comment ils vont sortir de cette situation là. Je pense que c'est pas forcément facile.
Le Kiwi: Vous avez déjà fait des concerts où tout le Kütu jouait ensemble, vous avez le projet de réitérer ça ou c'était une expérience unique?
Alexandre: En fait on était tous habitués avec François et Damien à... En fait on a fait ça parce que beaucoup de gens nous demandaient si c'était possible d'avoir tout Kütu Folk et du coup on a fait ça comme ça, on était que 4. Alors ça ressemble pas à aucun des groupes finalement mais y'a des trucs qui étaient bien. Et au bout d'un moment on a progressé dans ce truc là, la coupe de capitale du rock de France, du monde... Et du coup on a participé avec le groupe et c'était une expérience, y'avait un gros groupe et là c'était bien, ça rendait les morceaux assez intéressants. Ca l'est d'autant plus qu'il y a des initiatives à l'étranger que je trouve intéressantes, comme Broken Social Scene au Canada de réunir plein d'artistes qui font des trucs un peu différents, de faire un super projet qui est pas pour autant un projet hyper accessible ou je sais pas quoi. Le mélange de tout ça donnait du folk un peu plus orchestré, j'ai trouvé ça intéressant. Et ça j'aimerais bien continuer à le faire mais c'est pas facile. Forcément il y a beaucoup de monde...
Le Kiwi: Le label en fait c'est plus pour pouvoir sortir des disques sans contrainte?
Alexandre: Oui voilà, moi j'avais eu des problèmes avec mon ancien label, c'était sur un label à Bordeaux et y'a eu beaucoup de contrôles sur l'enregistrement. Mais tout est payé donc tu te dis « bon ben je suis bien obligé d'accepter les critiques », c'est un directeur artistique un label. Et à la fin, j'avais quand même essayé de contrôler un maximum de choses et à la fin on m'a dit « bon pour l'ordre des morceaux je vais choisir » et j'étais « ah non non, ça ira pas, je les enregistre dans un ordre et je veux que ça sorte dans le même ordre ». Et non ils voulaient pas donc j'ai fait « bon ben je rachète le contrat ».
Le Kiwi: Au niveau de l'actualité il y a deux albums, pour le Delano Orchestra et Leopold Skin, qui sortent à la rentrée, comment s'est déroulé l'enregistrement et où en sont les projets de St Augustine et Pastry Case?
Alexandre: A la rentrée on sort les deux albums américains et canadiens, donc Evening Hymns et Hospital Ships. En octobre il y a celui du Delano, enregistré il y a assez longtemps en fait, en février. L'enregistrement s'est bien passé mais le truc c'est que la période qui était juste avant l'album c'était une période assez difficile où je me suis un peu cloitré et du coup je voulais absolument que l'album sorte, finir cette album pour sortir de là le plus vite. On avait un projet, on a appuyé sur play et du coup on l'a fait. C'était super bien, c'était pas facile psychologiquement, c'était pas une bonne période, mais à la fin l'album qui en ressort j'en suis très content et du coup j'essaye de faire le film maintenant qui correspond. Damine vient plus ou moins de finir d'enregistrer, il y a des mix à faire, donc là il est parti aux Etats-Unis et dès qu'il revient il va travailler sur ses mix, et c'est un super truc. C'est un super album parce que y'a une forme de virage qui est assez important, et je crois que c'est le cas pour le Delano aussi. Comme si on se retrouvait encore plus dans ce qu'on était, comme si on assumait plus ce qu'on avait envie de faire. Et Damien ça se ressent énormément. Quand il a fait des morceaux qui sont plus accoustiques, il assume à fond et quand c'est rock, noise, il assume aussi vraiment à fond et c'est très très bien. Je suis content de ce qui va sortir. Peut être qu'on a du mal à assumer ce qu'on a déjà sorti donc c'est bien.
Le Kiwi: Ca fait longtemps que Leopold Skin travaille sur cet album, parce que le dernier il l'avait enregistré il y a pas mal de temps...
Alexandre: Ouais, avant de partir au Canada donc oui ça fait longtemps. C'est peut être lui qui avait l'album écrit en premier, j'ai enregistré juste avant. Et lui il l'a enregistré chez Christophe Adam et nous on l'a enregistré dans un studio facile parce que les exigences justement de tout faire en même temps, c'était vraiment obligatoire de faire ça. Une vraie expérience, 42 minutes et après on arrête. Après l'album est presque enregistré, on a fait quelques arrangements, rajouté du violoncelle, des trompettes et tout ça et c'est bien, c'est brut. Je pense que St Augustine a bien avancé sur son album et il a toujours tendance à dire « moi de toute façon, soit j'en sortirais jamais soit ça sortira dans 10 ans » mais je crois qu'il a avancé et qu'il avance de plus en plus mais comme il est papa en plus, c'est peut être un peu moins facile. Mais il a envie et les nouveaux morceaux qu'il a fait sont super beaux donc j'ai hâte. Et Pastry Case, il s'y remet aussi, je crois qu'il en a fait deux, il a fait deux morceaux qui sont bien. Par contre ils ont aucune pression, on leur dit pas de faire un album avant la fin de l'année, ils font ce qu'ils veulent et une fois que l'album est prêt si le label existe encore ils peuvent le faire et sinon c'est la merde...
Le Kiwi: Donc voilà, achetez les disques! Vous allez tourner beaucoup du coup?
Alexandre: On sait pas trop, c'est toujours des problématiques qui sont différentes pour chaque groupe. Pour les artistes étrangers ils sont là sur une période courte donc on essaye de trouver le plus de dates, on travaille dessus. Et en même temps faut qu'on pense aussi à nous, et pour nous c'est un peu différent. François il travaille à côté donc c'est pas facile de le faire tourner et le Delano on a beaucoup tourné, un peu dans toutes les salles de France. Mais je pense qu'il faut que l'album plaise donc il faut qu'on envoie l'album et voilà. Ca se passe bien à chaque fois, vraiment, et puis les gens sont contents, le public est satisfait mais c'est pas facile non plus, parce que c'est pas très connu.
Le Kiwi: C'est vrai que le Delano c'est peut être le plus connu des 4...
Alexandre: Oui enfin tu vois, nous on est dans notre ville et pour les salles de concert ça reste un groupe en développement, c'est ça qui est un peu chiant.
Le Kiwi: Après vous faites des concerts vraiment abordables, à la rentrée c'est même gratuit pour les adhérents Coopé qui font peut être penser de vous que vous êtes un petit groupe...
Alexandre: Moi je trouve que c'est des relations différentes, parce qu'avec la Coopé, on reste sur des sorties d'album dans notre ville et du coup pour le public clermontois et les gens qui sont proches de nous, qui nous ont déjà vu et que ça intéresse c'est bien que ça reste pas cher. Mais s'il y a un club bien rempli ça serait bien.
Le Kiwi: Par exemple la première date de l'année, la journée du patrimoine, y'avait beaucoup de monde.
Alexandre: Ouais c'est vrai, n'empêche y'avait vraiment beaucoup de monde. C'était complet, y'avait des gens qui attendaient. Y'a eu plusieurs fois la file d'attente. Et c'était bien parce que justement c'est un concert où plein de gens sont venus et nous ont découvert, genre des personnes plus âgées, et ça me faisait presque penser à U2, tu fais ah ouais t'as pas beaucoup de références, mais c'est bien en fait. Tant mieux parce que c'est vrai que ça passe pas en radio et du coup on en entend pas parler mais c'est pas pour ça que c'est pas une musique qu'ils peuvent apprécier. Moi mes parents écoutaient pas de musique et à un moment ma mère était allée voir Vic Chesnutt en première partie d'un concert et « ouais j'ai vraiment adoré » donc voilà il faut donner l'accès aux gens une diversité de choix et le problème des médias et de la radio c'est que ça donne très peu de choix et les gens arrivent pas forcément à se retrouver, on a pas le choix. Ca m'attriste quand j'écoute les choix même de radios qui sont pas trop mal. Et puis ça demande une exigence personnelle de s'intéresser à tout ce qui sort, c'est pas facile. Après pour ceux qui sont dedans faut être tolérant vis-à-vis des gens qui y sont pas. C'est pour ça que j'aime bien les passerelles. La dernière fois sur France Inter y'avait Renan Luce, c'était une chanson, pas celle qui était connue mais c'était pas si mal finalement, et je me disais qu'ils allaient écouter ça les gens et après peut être que ça les amènera sur d'autres univers. Et en fait ce que je disais par rapport à cette chanson de Renan Luce qui était pas très connue je l'ai trouvée plus exigeante que les tubes qu'il avait fait avant, ce genre de truc pop, et je me disais tiens ça va peut être créer une sorte de recherche, faire une passerelle.
Le Kiwi: C'est comme ça qu'on découvre la musique. Enfin je sais que moi je m'y suis intéressée en trouvant des groupes et en regardant l'univers qu'il y avait autour, après ça grossit ça grossit et ça se recoupe.
Alexandre: De toute façon le but c'est que quand on achète des disques et qu'on a personne pour nous guider, au début on achète des disques de merde et au bout de deux ans on fait « ceux-là je vais les virer ».
Le Kiwi: Ouais y'a la discothèque idéale et la discothèque souterraine.
Alexandre: Ouais moi je les mets dans des petites boîtes et c'est bien parce que quand y'a des soirées on peut ressortir les petites boîtes et tu redécouvres tous les trésors pourris, ça fait des bonnes soirées. Et puis j'adore le r'n'b et tout ça. Je trouve ça bien d'écouter des musiques légères aussi. Tu vois c'est pas parce que je fais la musique que je fais, que je suis dans mon truc que je vais pas écouter des musiques légères .
Le Kiwi: Oui on avait interviewé un groupe de shoegaze de Brooklyn qui aimaient Beyoncé et Justin Timberlake.
Alexandre: Ouais j'aime les deux moi. Et après c'est pas ce qui va me transcender dans ce que je fais. Mais je trouve ça bien de s'y intéresser aussi et d'écouter des choses comme ça parce qu'en soirée t'écoutes pas notre musique, enfin merde faut le dire au bout d'un moment.
A suivre...

lundi 7 juin 2010

I am un lapin !

Happy birthday Mister Festival ! Vous avez 50 ans et cela vous va bien. Et nous aussi ça nous convient, car pour célébrer l'évènement, vous n'avez pas lésiné sur la qualité de vos invités. Bill Plympton, Matt Groening, David Silverman, Rebecca Dautremer, Arthur de Pins, Nick Park, Peter de Sève et bien d'autres se bousculent au portillon. Et pendant se temps là, L'Illusionniste tourne en avant première dans grande salle, Shrek se prépare pour sa quatrième sortie et les sacoches fleurissent dans la ville. La famille est réunie, le Lapin est bien évidemment de la partie. Aucune raison alors de ne pas aller acheter ses tickets, même la bac ne fera pas entrave aux plus motivés ! Pour ma part, j'attendrais d'avoir vu plusieurs séances avant de vous livrer mes critiques, mais je peux vous assurer d'avance qu'il y aura matière à écrire, ça je n'en doute pas ! Et amis festivaliers, si vous passez par ici, préparez vos avions !

jeudi 3 juin 2010

Forget about the days that never really mattered

Le Brian Jonestown Massacre, ça va, tout le monde connaît. Ce qu'on connaît aussi d'eux c'est le va et viens continuel du personnel, victime de la dictature d'Anton Newcombe.. Nombreux sont les musiciens qui ont officié dans ces rangs, de manière plus ou moins permanente. Nécessairement il y a un après-BJM pour ces personnes. Souvent celles-ci sont oubliées, c'est pourquoi je me suis proposée de faire le tri et de vous présenter les groupes principaux qui leur sont liés. Et avoir fait partie du BJM n'est pas obligatoirement un gage de qualité en fin de compte.
Back in the 70s baby, le groupe a déjà fait la première partie du BJM apparemment, mais leur son est beaucoup plus agressif et les guitares plus lourdes et se rapprocheraient plutôt du Black Rebel Motorcycle Club qui, quitte à être lourde avec ça, est le groupe de Peter Hayes qui est également passé par le BJM. Ce microcosme est juste trop dense. Et on est qu'au début, attendez que ça se complique. Sinon ils ont sorti un nouvel album live cet année, il est sur Spotify si vous êtes trop feignants pour bouger vos fesses jusque chez votre disquaire local. Ah oui, je crois que ce groupe a un lien avec Jeff Davies, dont j'adorais la barette dans les cheveux à l'époque de Dig!, chose qu'a essayé d'imiter avec beaucoup moins de succès Julien Doré, mais j'ai pas réussi à retrouver des informations cohérentes dessus.
Pour finir de nous embrouiller, le groupe auquel contribue Dean Taylor a changé de nom, on le trouvait en effet précedemment sous la dénomination de The Mandarins. Les deux sont pas facile à trouver dans Google quand même. Les voix ne sont pas suffisamment mises en avant à mon humble avis, mais c'est un problème récurrent dans le shoegaze et pas franchement dérangeant pour apprécier la musique. Et pour se faire péter les tympans c'est quand même assez coule. Ecoutez Sunday Morning.
« We will upload more songs but are never on this MySpace ». D'entrée la couleur est donnée, ils vivent un peu dans un autre espace temps où une faille de 30-40 temps se serait frayée, un rock dur avec des riffs puissants et agressifs, le tout desservi par une ryhtmique parfaite. L'influence punk revendiquée reste indéniable, quelque chose de bien plus énergique donc de ce qu'on a pu voir chez le BJM. On a l'impression de sortir de la veine psychédélique dans laquelle se placent la majorité de ces groupes « post-BJM » -ouh la belle étiquette que je suis en train de créer. Il y a un parfait changement de registre lorsqu'on écoute Drive Me Wild qui aurait parfaitement pu figurer sur les compilations Pebbles (remember?). En définitive je dirais qu'ils sonnent un peu comme des Horrors qui auraient pris des coups de soleil.
Groupe composé de la majorité des membres fondateurs du BJM où l'on retrouve Matt Hollywood qui officie également aux côtés de The Out Crowd (mais je parle d'eux qu'à la fin, rien que pour que vous lisiez jusqu'au bout, technique classique pour tenter de retenir votre attention). Parmi les influences déclarées sur leur MySpace on retrouve The Future, LSD, THC ou MDMA, la première peut sembler improbable mais leur musique va parfaitement avec le trip angoissant de ces substances. Ah et le frère de Jeff Davies joue aussi dedans apparemment, en rempalcement de Matt Hollywood, le monde est vraiment trop petit vous dis-je. Histoire plus que touffue, si vous avez du temps à perdre et des cheveux à vous arracher allez voir leur histoire sur leur MySpace. En plus y'a plein de noms de groupes über coules.
Vous vous souvenez de la blondasse dans Dig! qui comme les Black Rebel Motorcycle Club a signé chez Virgin? Bon et bien bingo, c'est elle. Elle pose sa voix sur Give It Back! notamment. Bon autant être directe, elle a un peu viré "chanson autour d'un feu de camp avec grillage de chamallows en prime". De la folk pop avec des accents country bien loin du BJM mais trop cheesy pour me séduire. Un brin trop gentillet sur certaines chansons en bref. A écouter en prenant son bain, je pense.
Aucune utilité de s'étendre ce groupe qu'il faut aimer d'amour. Shake The Dope Out est par exemple une chanson à guitare parfaite pour vous faire bouger du popotin. Même si leur dernier album est un peu plus moyen, si vous n'avez jamais entendu parler d'eux c'est que vous n'avez pas le privilège de me connaître IRL. Je préciserais juste que Jennifer de Zaza avait tenu le rôle de bassiste avant de partir monter son propre groupe.
Lumineux est le mot qui vient à l'esprit dès les premières secondes. Peut être est-ce du à l'écoute prolongée des Warlocks. Ils ont le son d'un groupe anglais, et ont l'air particulièrement énergique. Ne fait malheureusement pas preuve d'une grande originalité et même si tout semble bien ficelé on se lasse rapidement.
Y a-t-il encore besoin de mentionner ce groupe? Celui-ci est parfait dans l'association qu'il fait des voix masculines et féminines le tout sur un son de guitare transcendant. Si bien que, pour finir de vous ruiner le moral et vous rendre totalement emo -oui il est possible de sombrer emo bang bang en écoutant les Raveonettes- ou pour vous rendre heureux d'une manière la plus pure qui soit sous la neige de Vichy, tout cela respire la beauté. Les danois c'est des bons. Il doit y avoir un gène spécial chez les scandinaves.
Palme du nom de groupe le plus classe de cette masse « post-BJM » qui a sûrement beaucoup écouté les expérimentations soniques de Roky Erickson ou des Cramps. Des danois toujours -oui Sune Rose Wagner officiait également dans cette formation. On est de retour dans les années 60, définitivement. Groupe apparemment sans chanteur, pourquoi pas hein, on va tenter l'expression « musique d'ambiance psychédélique », vous en ferez ce que vous voulez. Plaisant mais pas non plus transcendant. A écouter: While Squaresville Is Watching.
Toujours relatif à Sune Rose Wagner -décidément! Groupe qui existait dans les années 90. Et en fait ils sont rather cool. Rien de plus à ajouter, mais c'est pas non plus du génie, les ruptures rythmiques sont toutes sans surprise et l'oreille frétillante du faux cheval n'a pas vraiment été excitée.
Nouvel album sorti au printemps. Okay on peut leur reprocher de ne pas suffisamment sortir de la masse de groupes post-psychés dont ils font manifestement partie, mais leur travail est tellement bien fait et efficace qu'on ne peut qu'adhérer et se réjouir du fait qu'ils viennent en Europe à l'automne -non je sais pas s'ils passent en France. On évolue dans une sorte de rêve ou alors plutôt dans cette ambiance de petit matin, un lendemain de fête et où la beauté des champs autour de vous vous émerveille. Quiconque a vu la plaine de la Limagne au lever du soleil verra de quoi je parle, sans pour autant vouloir tomber dans le cliché. Ce sont les moments où cette musique est susceptible de séduire les plus indécis.
Bon, eux ils font des dates en France cet été, alors si vous n'avez rien de mieux à faire, allez les voir, même si leurs enregistrements studio ne m'ont pas franchement convaincue. Impression amère de déjà entendu.
Ambiance froide et pseudo-expérimentale. Plus aucune trace de Brian Glaze nénamoins. Quelque chose de très étrange en fait. A écouter sous influence.
On a retrouvé Brian Glaze comme vous pouvez vous en douter avec le nom de ce groupe. Très pop, les claviers de Boa Dolls & Elvis ont failli me faire fuir -trop de putasserie tue la putasserie- mais les téméraires sont toujours récompensés. On finit par être séduits par ce rock définitivement rétro. Pas révolutionnaire pour deux sous cependant, mais quelque chose de rayonnant au milieu de ce flot de maniaco-dépressifs.
Ils ont splitté eux, du shoegaze à ne pas écouter une fois dépassé le 3ème étage de votre immeuble. Mais Voices est très jolie.
S'auto étiquettent « Death Rock », euh ouais, je cherche encore un motif quelconque à écouter ce genre de truc.
Freak Of Nature
Bon alors là je suis tombée sur un truc polonais. Je crois que non, ce n'est pas un des groupes de Johnny Haro. J'avais jamais écouté de musique en polonais -à prononcer à la suisse- avant, c'est fun. Je soupçonne un petit malin de m'avoir fait m'égarer dans mes recherches.
La partie lolz de cet article. De prime abord ils ressemblent à une bande de gros émos du genre 30 Seconds To Mars -mais sans la crête rose de Jared Leto. Ouais donc leur musique est du même genre, et en plus c'est même pas des bonnasses. Encore un groupe à ranger dans la catégorie « n'aurait jamais du toucher à une guitare de sa vie ».
Le choc avec le groupe précédent est sans équivoque et vous fera même pousser un « ah » de soulagement, si malgré une mise en garde de ma part vous seriez allés constater le désastre de Johnny Haro. La familiarité avec le BJM est ici plus évidente, on évolue en terrain connu et Mantra est une tube en puissance à écouter en courant nu dans Lecoq -je cautionne pas les atteintes à la pudeur. Au moins. Il faut absolument que vous vous penchiez sur tout ça. Journeyman est également complètement addictive et vous donnera envie de danser sur une table tambourin à la main.
Groupe pré-Lovetones, exactement à l'image de leurs influences déclarées. Pour les fétichistes et jusqu'au boutistes.
Je suis au moins sûre d'une chose, LSD ne doit pas être 3 simples lettres pour eux. Mais bande de coquinous, dépêchez vous d'aller voir tout ça de plus près, ils valent le coup. En plus ils aiment les Western Spaghetti -je m'étais promis de parler de ma passion pour les cow-boys un jour.
Les Clean Prophets donnent envie de se ramener fissa sur le sable chaud de Californien et d'enfoncer sa guitare ou tout autre instrument à manche dans la gorge du chanteur. C'est incroyable la façon dont une voix peut vous gâcher un ensemble pas nécessairement désagréable. Mais comme c'est totalement subjectif allez voir quand même, peut être que cette voix de chat enroué vous séduira.
Et après cette marée de groupes oscures, on passe aux plus connus, mais également les plus réussis.
Autre groupe de Rob Campanella qui continue de jouer au sein du BJM. Ce mec est un peu un touche à tout de génie et je pense ne pas exagérer en affirmant que cette formation n'échappe pas à la règle. Une alternative séduisante si les deux derniers BJM ont tendance à vous fatiguer. Ils n'ont également pas fumé que des pâquerettes je pense aussi.
De Joel Gion on retient le plus souvent ses rouflaquettes et son sens de l'humour déglingué rafraîchissant dans Dig! Mr Tambourine Man (coucou Bobby) officie néanmoins dans un autre groupe où il s'offre même le luxe de chanter. Bon c'est peut être la chose la moins convaincante du lot mais avec toute la sympathie que nous inspire le personnage on apprécie l'ambiance rétro sans grand effort. Une forme de easy listening si vous y tenez. Mais j'aurais toujours cette image de lui en train de sniffer un rail de 30cm de sucre crystal. Rien à voir avec la musique mais il me semblait essentiel de spécifier ce détail.
Matt Hollywood, ô toi auteur de cette magnificence de Cabin Fever, je serais capable de te vénérer jusqu'à la fin de mes jours pour ta tronche de John Lennon joufflu. Simplement ta musique post-BJM, avant de réintégrer celui-ci de nouveau (les fluctuations des membres du BJM sont pires que celles du CAC 40) est tout aussi bonne. T'es un bon.
Ensuite il y a une série de groupes qui n'ont aucun lien direct avec des membres du BJM mais qui sont tellement bons qu'il faut impérativement que j'en parle quelque part. Vous êtes mes cobayes.
Groupe qui aurait pu finir sur les Pebbles également, je crois qu'eux aussi sont coincés dans un autre espace-temps. Mais Cryin' Shame est tip-top.
Je vous entends tonner, « qui es-tu toi, maigre cheval pour oser parler de ce génie de Stephen Lawrie? ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est un groupe trop souvent oublié, et il est grand temps de le réhabiliter. Ma bonne action de la journée. Creusez la question avec une attention particulière et faites vous défoncer les tympans sur Violence, avec un casque et le son à fond.
On avait évoqué leur cas avec Zaza mais cette bande d'Australiens fréquente également le BJM ou BRMC. Pour preuve un featuring avec Peter Hayes -qui joue juste de l'harmonica, pas la peine de trop affoler vos hormones- suffisant pour me combler. Ambiance délicieusement planante, en effet un groupe intéressant à surveiller de près. Un nom à retenir si vous aimez cette ambiance shogaze.
Mes chouchous australiens depuis pas mal de temps. Auteurs du tubesque Shadows Evolve. L'ambiance sur leur dernier album Alone est franchement plus teintée d'un sentiment de dépression, mais reste dans le domaine du sublime. Part Of Your Nature, To Be Your Loss, etc. Ils ont également ouvert pour les Warlocks pour leur dernière tournée américaine. Un jour ils viendront en Europe, ne désespérons pas.

dimanche 30 mai 2010

"BON ON SE MET PRES DE LA PORTE HEIN, AU CAS OU JE ME SENTE PAS BIEN"

D'après une amie, un certain nombre de blogs ont posté sur Enter the Void. N'ayant pas tellement traîné sur la blogo dernièrement, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de les lire, et en grande rebelle que je suis, je vais aussi donner mon avis sur cette oeuvre. En retard en plus.

Parce que Enter The Void, c'est pas vraiment un film, c'est plus une atmosphère. Déjà tu rentres dans la salle, tu te prépares psychologiquement à assister à 2h30 de Gaspar Noé et là, un gros dur de 120kg balance tout haut juste avant le début du film « ça va chier ». Poétique et réaliste.

Et là on te jette le générique. Je crois qu'il parle de lui-même. Il vaut mieux pas être épileptique quoi.

Dès les premières secondes du film, on se sent donc complètement happé par l'écran.

La première partie est filmée à la première personne, c'est-à-dire que oui, là on peut dire qu'on se met dans la peau du personnage. Ça te retourne tellement les tripes que t'en as presque l'impression de te shooter en même temps que les personnages.

Alors comme on peut s'y attendre, les relations entre les différents protagonistes de ce film sont quelque peu... malsaines. Le frère dealer qui se tape la mère d'un de ses clients. La soeur, Paz De La Huerta, la fille au visage angélique (pour ne pas mentionner son corps) qui fait du strip et se tape le patron. Le frère fantasme sur sa soeur. Les potes plus ou moins foireux. Qui fantasment aussi sur la soeur. Et Tokyo. On pouvait difficilement choisir un meilleur décors. Et puis la bande-son en adéquation parfaite avec les images.

Ce qu'il y a de relativement magique dans ce film, c'est qu'il y a des dizaines de petits détails qui se recoupent tout au long du film. Des choses auxquelles tu ne prêtais pas forcément attention mais qui finalement se révèleront décisives. Dans l'idéal il faudrait revoir ce film plusieurs fois. Sauf qu'après un petit débat avec ma soeur, on s'est dit que non, on y retournerait pas tout de suite.

Parce que oui, il y a des scènes insupportables (c'est un film de Noé après tout), de la drogue, de la violence et beaucoup de cul. Surtout à la fin. Mais là encore, le petit Gaspar arrive à me surprendre parce que parmi les scènes à la limite du porno toutes plus glauques les unes que les autres se glissent deux plans (l'un très bref, l'autre assez long) montrant le « vrai » sexe. Sans en faire des tonnes. Et tout de suite, ça devient beau.

Aussi, il y a certaines longueurs (ce qui paraît logique, 150 minutes, c'est pas rien) pendant lesquelles on se dit que si ce film n'avait pas été réalisé par Noé, et donc auréolé d'une certaine aura sulfureuse, il n'aurait peut être pas été financé. D'un autre côté, et après réflexion, toutes les scènes semblent indispensables à la cohérence de cette oeuvre. Certains plans auraient pû être écourtés (les écrans psyché jaunâtres pendant 10 minutes par exemple), mais le film aurait été moins transcendant.

Car il s'agit de bien plus qu'un film. On ne peut pas décemment sortir indifférent de la projection. A chaud, je ne savais pas si je le détestais complètement ou si je le considérais comme un chef-d'oeuvre. Il va me falloir un peu de recul pour trancher. Mais ça m'a marquée.

Visuellement parlant, c'est impressionnant (manière de filmer + couleurs + trips sous acides + psychédélisme), et c'est bouleversant au niveau émotionnel (scénario + ellipses, flashbacks et flashforwards en veux-tu en voilà + jeu des acteurs).

C'est une expérience à vivre.

mercredi 26 mai 2010

"En fait on est de l'école Goldmanienne"

A l'occasion de leur passage à Europavox et après avoir été séduits par leur EP Le Rendez Français -alors que, de vous à moi, la musique en français mouais voilà quoi- le Kiwi en a profité pour rencontrer les Music is Not Fun et leur poser, comme à notre habitude des questions pertinentes. Leur prestation du soir fut tout autant emballante. Discussion décontractée avec Guilaume, Lozérien et amateur de blagues Fun Radio, Julien fan honteux des Libertines et de Laurent Voulzy, Lucas, fils caché de Ringo Starr et JJ Goldman et Valentin qui ne mange pas de kiwis (mais on l'aime bien quand même).

dimanche 23 mai 2010

You leave me down to the ocean

C'est désormais une tradition, avant que la folle saison des festivals estivaux ne reprenne -vous pourrez croiser l'équipe presque au complet aux Eurockéennes ou à Rock en Seine- on va faire un tour au festival Europavox à Clermont-Ferrand. Le festival de musique européenne avec cette année l'Espagne comme pays à l'honneur est en effet un endroit bien agréable pour commencer à se réhabituer aux churros au soleil ou à la bière dégustée dans l'herbe fraiche. Voilà pour le tableau idyllique. Et Europavox c'est un peu le seul festival où il y a un stand de saucisson ou d'aligot, la vie, la vraie elle est là-bas. Sinon il y avait aussi de la musique. De la très bonne.
Jour 1: Soirée d'ouverture
Pour la première journée, deux des trois scènes -le Magic Mirrors et le Foyer- étaient accessibles librement et gratuitement alors que sur la scène de la Coopérative de Mai -payante- jouait Camélia Jordana. Ouais bon voilà, vous comprenez rapidement ce que je ne suis pas allée voir. Nous avons donc préféré nous risquer à aller voir des groupes sur lesquels nous ne savions pas grand chose et il s'avère que ce fut un choix judicieux. On est rapidement passés voir les vainqueurs du tremplin lycée qu'organisait la Coopérative de Mai qui, comble du chauvinisme, étudient au même endroit qui me sert de lieu de torture cérébrale, donc voilà allez jeter un coup d'oeil à Raindrop. Leur set étant identique à celui qu'on avait vu plus tôt dans l'année à la Coopérative de Mai nous ne sommes pas restés guère longtemps. Nous avons en effet préféré vadrouiller vers le stand du Kütu Folk Records avant de nous diriger vers le Magic Mirrors pour aller voir des Norvégiens. Les Disciplines. Okay, pour certaines personnes le chanteur en faisait trop, mais voir quelqu'un se rouler par terre avec des gestes du bassin obscènes je trouve ça plutôt rigolo. Que ce soit au niveau musical ou scénique, cette prestation m'a beaucoup rappelé les Hives. Voisinage nordique sûrement. En tout cas très belle entrée en matière pour Europavox. Je dis pas ça parce qu'il a parlé de fromage. Non. Ca bougeait bien, de la musique qui parle à ton corps et rien d'autre et des fois ça fait du bien. Après on a tenté de rester devant les Tokyo Sex Destruction, mais je sais pas, il manquait un supplément d'âme ou quelque chose du genre. Je ne dirais pas que c'était mauvais, ça m'a juste pas touché, donc je n'ai pas assisté à l'intégralité de leur set. Et je crois que c'est tout pour cette journée là si on exclut le temps passé à regarder des gens massacrer Blur à Guitar Hero. On a loupé Dani Llamas oui et je sais même plus pourquoi.
Jour 2: Tout sauf la soirée urbaine
Le hip hop et tout ça c'est pas trop mon truc, alors même si on avait la possibilité d'aller faire un tour au Magic Mirrors on ne l'aura pas fait. On aura donc débuté la soirée avec les flamands des Black Box Revelation à la petite Coopé. Un set nerveux où les deux garçons démontrent avec une grande habilité qu'une basse ça peut parfois être superflu. L'épisode le plus troublant restera le sourire perpétuel du batteur. Je n'ai toujours pas trouvé de signification adéquate mais en tout cas il avait l'air content d'être là et nous aussi. A côté de ça tu avais le guitariste/chanteur qui avait l'air de bien aimer ce qu'il faisait en méprisant royalement le mythique "premier rang féminin" -ces jeunes gens sont même particulièrement moqueurs vis-à-vis de leurs groupies comme on l'aura constaté aux dépends de pauvres jeunes filles plus tard dans la soirée. Bilan plus que positif même si, apparemment ils ont joué fort. Un choc total avec Nive Nielsen qui jouait à la grande Coopé et qui tout autant que le batteur des BBR avait l'air heureuse de se trouver là. Une Groëlandaise donc qui fait de la pop et qui parle de café pour son chéri -qu'elle avait traité de "silly boy" à la radio et qui ne revenait pas de la force de cette expression- et d'aspirateur perdu. Un truc super rock'n'roll. Si on passe sur les paroles qui ont provoqué une certaine hilarité de notre côté la musique n'en reste pas moins agréable notamment grâce à un groupe particulièrement bon, The Deer Children. Ce fut également l'occasion de vérifier qu'il n'y a rien de plus chiant que les gens qui veulent montrer qu'ils sont dans le truc en tapant dans leurs mains. Mais que quelqu'un lui rende son aspirateur. Après il y avait Rachid Taha avec Mick Jones. Ce genre de choses ne me touchant pas vraiment on a fini par partir avant que Mick Jones fasse son entrée sur scène et joue Should I Stay Or Should I Go, tout ça pour des pandas bizarres. En effet il ne fallait pas être en retard pour assister au live d'Intrumenti, deux lettons qui sont pas tous lettons déguisés en pandas et qui sont vraiment, mais VRAIMENT flippant. Passé le cap du "non mais jamais je tiendrais plus de 10 minutes devant des trucs comme ça" on finit par se laisser bercer par la douce pop un peu bizarre des deux jeunes hommes. Comme c'était au Foyer, l'entrée était libre et gratuite et une partie du public était un peu surprenante, ou décalée. Ils auront néanmoins réussi à faire danser tous les premiers rangs. Expérience très intéressante, même si on aura pas eu le droit à un feu d'artifice. Et Life Jacket Under Your Seat est tout simplement magnifique en live. Un nom à retenir. Et parce qu'on avait froid on est rentrés à la Coopé où se terminait le concert de Gaëtan Roussel. Juste le temps de le voir massacrer les Talking Heads, non pas au niveau instrumental, de ce côté là tout allait bien, ses musiciens avaient l'air bons, mais je ne me ferais jamais à sa voix. On est alors retournés au Foyer voir les Requesters mais trop de tatapoum tue le tatapoum, chiant à en mourir donc on a regardé l'exposition d'affiches qu'avaient réalisés des élèves d'un lycée du Cantal. On reste dans le local. Enfin on est retournés à la Coopé où jouait Boogers. J'ai été relativement déçue, pour faire vite on aurait dit qu'une chèvre était étranglée devant nous. Quand j'ai l'impression de pouvoir mieux chanter que la personne sur scène c'est pas franchement un compliment, loin de là. En plus il y avait nécessité de se reposer pour la grosse journée du samedi où il fallait se découvrir un don d'ubiquité.
Jour 3: Soirée Pop et Haçienda.
Le problème des festivals c'est les time conflicts qu'ils génèrent. Un peu comme s'il te fallait choisir entre ton bras droit ou ton bras gauche. Le samedi on avait donc le choix entre la soirée pop ou la soirée "Haçienda". J'ai tenté de faire les deux, c'était une soirée pour schizophrène. La fin du live de Bigott avait l'air très bonne et aussi fascinante que sa barbe. Un bon truc pour débuter la soirée. Afin d'éviter Hindi Zahra on s'est réfugiés au Magic Mirrors où jouaient les polonais d'Oszibarack. Je suis restée approximativement 4 minutes. Leur électro-pop ne m'a absolument pas séduite donc on a tenté le groupe hongrois qui jouait au Foyer, Amber Smith. Qui m'ont désagréblement rappelé Placebo que j'exècre au plus haut point possible et imaginable. On est restés un peu quand même parce qu'il a annoncé qu'il allait faire une reprise de l'artiste français qu'il préférait et par une nature curieuse on voulait savoir qui c'était. Bah ouais vous l'aurez deviné, Gainsbourg. Mais arrangé d'une manière assez bizarre, suffisamment pour me faire partir. On a donc attendu patiemment les Nits. Des papys bien rigolos oui, on passera sur les tendances gérontophiles de ce webzine. Et comme il y avait manifestement du retard et qu'au Magic Mirrors jouaient les Band Of Skulls on s'est dépêché de rejoindre l'autre scène, à l'autre bout du festival évidemment. Ce fut beau, grandiose et bruyant. J'ai quand même du mal à admettre qu'ils sont anglais, pour moi ils viennent du Texas profond avec leurs guitares lourdes ou agressives et leur batterie diaboliquement efficace. Un truc sale et prenant, tellement qu'on aura oublié de retourner à la Coopé voir le set des Nits. Les Band Of Skulls sont donc des gens à aller voir en live. On aura quand même eu le temps d'assister aux trois dernières chansons des Nits et c'est là que le principe de schizophrénie musicale prend tout son sens. Un univers totalement différent mais tout aussi séduisant. Un grand écart pour les oreilles qui s'est cependant fait de manière assez aisé. Quelque chose de très agréable qui mettait en jambe, ou pas, rapport aux sièges disséminés dans la salle de la Coopé, comme si pour écouter de la pop on était obligés d'être des vieux croûtons fatigués, pour Richard Hawley. Sauf qu'évidemment en même temps il y avait Peter Hook qui rejouait Unknown Pleasures et je ne pouvais pas bouder l'envie que j'avais d'entendre du Joy Division joué en live, même si sans Ian Curtis ça paraissait un peu ridicule. Pour m'excuser on va dire que c'était pour commémorer les 30 ans de la mort de Mr Curtis. Bref, il a commencer par nous jouer tout An Ideal For Living, dans l'ordre et avec une fidélité parfaite. Sauf que c'était pas Ian Curtis au chant. Voilà, ça freine un peu mais entendre No Love Lost en live ça fait quelque chose. Mais Richard Hawley c'est quand même un grand monsieur et par un effort presque surhumain on a fini par se rediriger vers la Coopérative de Mai pour découvrir l'émotion dégagée par notre ami de Sheffield. Quelque chose de tellement prenant qu'il ferait presque pleurer, un grand moment pour une Coopé malheureusement pas complète. De la pop dans toutes ses lettres de noblesse. Le temps de refaire un saut rapide au Magic Mirrors pour entendre la toute fin de She's Lost Control et un tour rapide au Foyer où sévissaient les Music Is Not Fun avec succès et nous retrouvons Richard qui aura presque réussi à nous faire pleurer devant tant de virtuosité. Et un magnifique final sur The Ocean, la larme à l'oeil je vous dis. Pas le temps de se reposer on a enchaîné directement avec JJ. Comment dire ça poliment. Oui voilà, c'était du foutage de gueule. Oh, pas au niveau musical, tout fonctionnait sur ce plan là. Simplement je ne vois pas où est l'intérêt d'un live où ces artsites se contentent de mettre leur laptop en route et à la fille de chanter dessus en s'arrêtant parfois pour reprendre un peu de vin. A l'origine JJ c'est deux Suédois. Le personnage qui sert de "guitariste" n'aura pas servi à grand chose, il demeurait perplexe devant sa guitare, sûrement en train de se demander à quoi tout ça servait, peut être après avoir prit un peu trop d'acide. En tout cas ils n'évoluaient pas dans le même univers que nous. Donc le mec a joué approximativement 4 accords -et je ne plaisante même pas, là est le tragique de l'histoire- en se balladant sur scène, cherchant à embrasser sa compagne de temps à autre ou contemplant les images du film qui passait sur un écran en se cachant derrière la fille qui, de façon imperturbable continuait de chanter, en restant statique. Et ils ont bu, beaucoup de vin. Aucun intérêt en concert, prenez leur album et vous aurez exactement la même chose. Plus que décevant. Et pour se remonter le moral on s'est dit qu'on allait clubber un peu avec Mr Nô, artiste électro local, sauf que je ne suis pas vraiment la personne la mieux placée pour juger de l'électro. Pour moi il n'y avait que des basses dans son set et toutes les mimiques que les artistes électro se sentent obligés de reproduire me fatiguent -exemple, le bonnet au mois de mai, les mouvements des bras perpétuels- et on a préféré se cacher sous une serviette comme le mec de JJ. Toujours lui. Enfin parce qu'un festival c'est quand même super fatiguant on a fini par partir avant la fin de son set.
Ce sera tout pour cette magnifique édition 2010 puisque le Kiwi n'a pas jugé bon d'aller voir Peter Doherty ce soir et de fréquenter la horde d'aspirants hipsters à talons que ramèneront les Plastiscines, même si je serais bien allée voir les Kissaway Trail ou les Funeral Suits.

samedi 22 mai 2010

"France is the only fucking place to eat cheese"

Je crois que je n'ai jamais rencontré d'artiste plus sympathique et accessible que les membres de ZAZA. Groupe originaire de Brooklyn ils assuraient la première partie des Black Rebel Motorcycle Club en Europe et leur musique délicieusement teintée d'un psychédélisme planant nous avait séduit. Nous avons donc profité de leur passage à la Coopérative de Mai pour rencontrer Danny et Jennifer. Et parler de fromage, évidemment.
Le Kiwi: Comment se déroule la tournée jusque là? Danny: Fantastique. Jennifer: Comme dans un rêve. C'est une expérience tellement différente de pouvoir partir en tournée avec des gens qui sont vos amis et avec un vrai public qui comprend vraiment votre vision. C'est incroyable parce qu'à New-York il y a une vraie scène qui s'est construite et je ne dirais pas que nous en faisons partie mais j'ai l'impression que les publics ont été tellement respectueux et réceptifs sur cette tournée... C'est juste beaucoup de compréhension donc ça a vraiment été génial pour nous. Et parfois j'ai l'impression que l'Amérique nous perd un peu. Danny: Ouais les gens ici apprécient juste plus la musique en concert. Nous sommes alors interrompus puisqu'il était temps pour le groupe d'aller faire les balances. Nous les retrouvons donc un peu plus tard. Le Kiwi: Quelles sont vos principales influences? Danny: L'un et l'autre. (rires) Jennifer: Oui l'un et l'autre et je suis très influencée par tout ce qui est lié à l'art, l'art visuel, le nouvel art gothique, les vampires. Pour plaisanter on dit toujours qu'on est une bande de vampires en train de rôder tout habillés en noir. Je suis très inspirée par New-York, New-York est très inspirant, il y a énormément de mouvement et de vitesse et je suis inspirée par les gens qui font la merde qu'ils ont envie de faire. Danny: Je suis très inspiré par l'émotion, les choses qui ont un réalisme émotionnel. Il y a beaucoup de musique qui est très bien faite techniquement mais à quoi il manque une vraie âme. Quelque soit le genre, shoegaze, dance, rock'n'roll ou techno. Peu importe. Le style peut être aussi bien gothique ou new wave à partir du moment où l'artiste met de l'émotion dans son travail et que l'on peut voir ou entendre cette émotion, c'est ce par quoi je suis attiré. Ce n'est pas un genre, un groupe ou une personne en particulier, c'est la façon de penser qui à mes yeux fait de l'art quelque chose de bien. Jennifer: De la sincérité oui. Danny: Même si c'est fait avec les moyens du bord, que c'est un gribouillage ou quelqu'un qui chante faux, du moment qu'il y a de l'âme dedans, c'est ce qu'il y a d'important. Le Kiwi: Dans votre musique êtes-vous influencés par un auteur quelconque? Jennifer: Tout à fait. Les livres sont mes amis, mon premier grand amour. J'ai vraiment beaucoup été influencée par Anne Rice ces derniers temps, c'est cette romancière célèbre qui a écrit sur les vampires et les sorcières, c'est assez cool. Danny lit tout ce qui a trait à la socio-politique. Je lis principalement des biographies ou des romans d'amour. Je viens de lire l'autobiographie de Patti Smith qui s'appelle Just Kids. C'était brillant et superbement écrit. Ca parle du mouvement artistique progressiste de New-York à la fin des années 60, Andy Warhol, Jimi Hendrix, The Velvet Underground, toutes ces petites histoires rigolotes à propos de Jim Caroll, l'auteur, c'est simplement génial. Donc j'ai vraiment été inspirée par ça dernièrement. C'est rattaché à New-York et à ses icônes. C'est un endroit tellement magnifique, plein de ces personnages puissants qui produisent beaucoup. Danny: Des auteurs? Beaucoup de ce que je lis sont des dystopies et de la science fiction -pas de la science fiction de comptoir cependant- parce qu'avec la science fiction, en particulier, beaucoup des idées qui sont développées sont à propos des problèmes sociaux actuels, et parfois même développent des idées romantiques mais celles-ci sont présentées différemment. Quand tu écris des chansons c'est en quelque sorte la même chose que tu fais, tu prends quelque chose de relativement simple et tu le manipules tellement que c'est encore ça mais avec une présentation différente. Mais Jenny est la vraie lectrice. Je suis l'écrivain. Elle corrige beaucoup ce que je fais, me dit si c'est mauvais ou si c'est de la merde. Jennifer: Je ne dis jamais que c'est de la merde mais "tu peux mieux faire". Danny: C'est bien d'avoir quelqu'un pour corriger, je fais la même chose avec le travail de Jenny. Jennifer: Ce que j'écris est toujours parfait. Non je plaisante. (rires) Danny: Je ne sais pas, peut être que je ne suis simplement pas suffisamment intelligent pour lire. J'essaye de lire l'Enfer de Dante. C'est pas que ce n'est pas bon, ça va, mais je ne prends pas de plaisir à lire ça. Mais je peux finir un livre de science fiction en un peu près trois heures même si je suis supposé faire quelque chose d'autre. Je m'assoie et Jenny essaie de me faire sortir ou de répéter. Avec n'importe quel autre livre je finis par m'endormir. Jennifer: C'est quelque chose qui vient avec l'âge, quand on commence à accepter ce qu'on aime vraiment au lieu de ce qui a l'air d'être cool. J'étais du genre à dire "j'adorerais lire Ulysse de Joyce ou la Bible" mais je ne l'ai pas fait parce que ça ne m'intéresse pas vraiment. Pour la première fois de ma vie, je préfère admettre qu'Anne Rice et les vampires m'obsèdent. Plus on lit ce genre de littérature, plus l'estime qu'on en a augmente. Ce que je veux dire c'est qu'on doit juste aimer ce qu'on aime. Danny: C'est la même chose avec la musique. Parfois les gens sont du genre à dire "tu devrais écouter ce truc de jazz d'avant-garde ou de noise". Jennifer: Je me rappelle que tu m'as dit que tu détestais le jazz d'avant-garde du genre "je déteste vraiment ça putain". Danny: Tu as l'impression d'avoir la pression pour arriver à le comprendre. Je ne dis pas que c'est mauvais, je ne le pige pas. Donc pourquoi je dépense tout ce temps à essayer de comprendre ça alors que ça ne représente rien pour moi? Jennifer: C'est une longue réponse. Le Kiwi: Comme vous êtes de Brooklyn, pouvez-vous nous expliquer pourquoi il y a tant de groupes de là-bas? Jennifer: Parce qu'à Brooklyn il y a de l'espace. Manhattan est simplement surpeuplé. Et à l'origine, Brooklyn, ce sont de vieilles usines transformées en loft ou en espace de répétition donc tous les artistes sont partis de Manhattan pour Brooklyn parce que c'est plus abordable financièrement et qu'il y a plus de place. C'est probablement pourquoi il y a un tel mouvement là-bas. Mais je pense qu'émotionnellement et artistiquement c'est la même chose qu'on a pu dire de New-York. Les gens vont à New-York comme pour aller voir un monument. Tout le monde va là bas. Le Kiwi: Comme pour Berlin. Jennifer: Ouais, parce qu'il y a juste un mouvement qui a lieu là-bas et New-York a eu une activité assez stimulante pendant des décennies. Danny: Ca bouge en quelque sorte tout autour de la ville. il y a quelques années tous les artistes venaient de l'East Village, après ça a été le Lower East Side... Je suis sûr qu'il y a ce même mouvement d'artistes qui déménagent dans des endroits abordables à Londres ou à Paris. Puis ces endroits sont exploités par les entrepreneurs, des gens plus riches enménagent et font partir les artistes qui vont dans un autre endroit abordable et ça recommmence comme dans un jeu entre un chat et une souris. Actuellement Brooklyn est assez abordable mais c'est en train de devenir cher, je pense que le processus est déjà en cours. Maintenant tout le monde déménage pour le Queens parce que c'est là où se trouvaient tous ces complex avec des studios et des salles de répétition. Mais je pense qu'il y a quelque chose à New-York qui attire les jeunes artistes américains, quelque chose de spécial. Quelqu'un me racontait qu'il y a des cristaux sous Manhattan, quelque chose comme un magnétisme. Enfin je ne sais pas vraiment, il y a vraiment quelque chose de spécial avec cette ville. Quelque chose dans l'eau. (rires) Le Kiwi: Votre EP, Cameo, était téléchargeable gratuitement sur votre site internet. Quel futur pensez-vous qu'internet réserve pour les groupes de demain? Jennifer: On nous pose beaucoup cette question en fait. Danny: Je pense qu'internet est vraiment un outil génial: il permet un grand nombre de possibilités et je pense que c'est désormais aux artistes de l'utiliser de façon individuelle comme un outil. Juste parce qu'internet existe ne signifie pas que les choses sont plus simples ou plus difficiles. C'est juste la façon dont vous l'utilisez à votre avantage. Les gens disent que la musique sur internet signifie la mort de l'album. Je pense que pour beaucoup de groupes l'album est plus important à faire parce qu'avec les fichiers mp3 tout est réduit à trois minutes. Ce n'est pas la façon dont tu comprendras un groupe, ce n'est pas la façon dont tu comprendras ce sur quoi ils ont travaillé pendant un an et tu ne peux pas faire l'expérience d'acheter l'album entier et de l'écouter pendant 45 minutes, une heure ou une heure et demie. On a fait ce que Radiohead avait fait, proposer notre album gratuitement ou pour un prix quelconque et dont on ne peut pas séparer les chansons pour les acheter individuellement. C'était mon plan à l'origine, mais ça a un peu foiré puisqu'on a fini par les mettre sur itunes, donc maintenant on peut acheter les chansons individuellement. Il y a l'industrie et les gens qui lui font faire des choses, parce que l'industrie ne cherche qu'à faire des profits et ils feront tout dans ce but. S'ils proposent plus de chansons de façon individuelle et que les gens les achètent comme ça, ils continueront de fonctionner de cette manière. Mais si l'artiste dit "non, nous voulons avoir ces choses sur lesquelles on a travaillé" et qu'ils demandent et se battent pour ça l'industrie l'acceptera. Mais une fois de plus c'est entre les mains des groupes. Je veux dire l'électricité ou l'internet sont des choses géniales mais je le redis, ce ne sont que des outils. C'est le genre de réponse que vous vouliez? J'essaye de ne pas être long ou de vous donner une réponse de 10 minutes donc j'espère vous avoir répondu quelque chose d'utile. Jennifer: Il me dit que mes réponses sont trop courtes et les siennes trop longues. Ouais enfin, je ne suis pas tellement d'accord avec Danny... Danny: Vicieuse! Jennifer: Je pense simplement que tout est un outil qui doit être utilisé dans toute leur capacité. Je me rappelle quand je commençais à m'intéresser à la musique et il y avait tous ces fanzines et on devait aller chez nos potes pour pouvoir écouter de la musique et les enregistrements. On ne pouvait pas simplement aller sur le MySpace et écouter comment le groupe sonnait pendant deux secondes. Tout est immédiat. Il y a une immédiateté mais votre soif de nouveauté est constante et en même temps c'est pas très exitant. Pour Zaza on s'intéresse de près à l'artwork. D'habitude on joue nos concerts avec l'artwork que nous réalisons mais on ne pouvait pas l'emporter avec nous en Europe. On essaye également de communiquer d'une manière intelligente avec les gens qui s'intéressent à notre musique et d'avoir un esthétique globale. Ce que je veux dire c'est que tout est pensé est calculé pour Zaza parce que tout est si facilement accessible. On joue toutes nos chansons avec une énergie différente en live par rapport aux chansons studios et on veut que ce soit un aspect intéressant de venir voir un groupe en live. Vous savez, c'est pas comme si vous veniez nous voir et que c'est la même chose que sur notre CD. Ce n'est pas intéressant du tout. Nous sommes intéressés par comment on peut s'éloigner de tout ça, comment utiliser l'accessibilité de l'internet par ses côtés positifs et également comment sortir de l'infrastructure de l'internet. Le Kiwi: Quels sont les groupes que vous écoutez en ce moment? Jennifer: On aime vraiment Fever Ray. Danny: Fever Ray ouais. Jennifer: j'aime vraiment le dernier album des Raveonettes. Il n'y en a pas énormément en fait. Je veux dire on a énormément écouté le Black Rebel, tous les soirs, et c'est tellement inspirant. On les regarde jouer 2 heures tous les soirs et on est jamais là à faire "Oh mon Dieu", mais "bordel!", tous les soirs. Donc les Raveonettes, Fever Ray, The Kills, The Black Ryder qui sont d'Australie et qui sont un groupe fantastique. Danny: Health... Jennifer: Je pense que c'est tout, mais j'essaye de penser à ce qu'on aime mettre sur la route avec l'ipod. Le Kiwi: Beyoncé? (nous avions en effet parlé de l'amour que Jennifer portait de manière curieuse à Beyoncé hors interview) Danny: Justin Timberlake. Jennifer: Non, j'écoute pas tellement Justin Timberlake ou Beyoncé, juste suffisamment pour leur piquer des rythmes. Danny: On s'intéresse tous les deux beaucoup aux groupes de Brooklyn, Yeasayer par exemple. Jennifer: J'aime tellment de groupes, c'est ridicule, mais là où on vit on voit Yeasayer, TV On The Radio, Blonde Redhead, Sonic Youth... Tu sors et tu tombes sur ces personnes qui vivent à New-York, c'est génial. Danny: Yeasayer répète au même endroit que nous, ils sont de l'autre côté du mur. Leurs répétitions sont toutes fantastiques. C'est comme regarder Black Rebel sur scène, les voir faire tout ce qu'ils font c'est... Jennifer: Tous les soirs ils donnent tout alors que nous on est crevés. Avant de monter sur scène ils se donnent des baffes, sautent partout pour faire couler un peu de sang. Et moi je suis là: "peut être que je devrais laisser Danny me donner des baffes. Oh non, ça abîmerait mon maquillage". (rires) Danny: c'est la même chose avec Yeasayer et c'est pour ça que je dis que ce groupe est inspirant. Ils viennent dans le studio de répétition et y travaillent tout le temps qu'ils y sont. La plupart des groupes viennent à quelque chose qui ressemblerait à une répétition, boivent de la bière, traînent et enfin, jouent peut être de la musique. Enfin, si tu travailles sur quelque chose dans l'optique d'une carrière et que c'est quelque chose que tu veux plus que tout au monde, tu dois quand même te comporter de manière professionnelle. Mais il y a plein de glandeurs. Comme le dit Jenny, les Black Rebel sont incroyables, la masse de travail qu'ils font, pendant 6 mois de l'année lorsqu'ils ne sont pas en studio... Le Kiwi: Nous n'avons plus que des questions qui nécessitent une longue réponse, donc peut être pouvons-nous vous en poser une très stupide. Jennifer: Demandez nous ce que vous voulez! Le Kiwi: Que pensez-vous du fromage français? Jennifer: Fantastique! Oh mon Dieu, c'est super bizarre, on parlait de ça juste avant, c'est trop bizarre que vous nous posiez cette question! On disait que la France est le seul putain d'endroit pour manger du fromage. Danny: c'est pas seulement le fromage, c'est Tout. Jennifer: Tout est tellement délicieux. Danny: il n'y a pas d'hormones ou des produits chimiques bizarres, même vos oranges ont un meilleur goût. Jennifer: On va en manger de suite! On aime vraiment vraiment vraiment ça. Je suis folle de fromage aujourd'hui. Tellement délicieux. Rien d'autre ne m'intéressait. Votre fromage est tellement bon, c'est incroyable. Danny: Il devrait y avoir des distributeurs de fromage comme ceux de Coca-Cola aux Etats-Unis. Jennifer: On parlait de fromage à l'étage tout à l'heure et on était en train pleurer en remerciant le ciel pour le fromage français. En fait j'adorerais en manger maintenant. Le Kiwi: Ouais, Clermont-Ferrand est un endroit où il y a beaucoup de fromage. Jennifer: Oh vraiment? La prochaine fois, ramenez-moi en un. Non, je plaisante. Non mais c'est vraiment cool. Si je pouvais je prendrais mon sac et j'en ramènerais un dedans. Le Kiwi: Ca pue un peu quand même après... Jennifer: Ca vaut le coup. On adore ça.
Crédit photo: Angel Ceballos