mardi 9 février 2010

« Appelez Ça Méditation, Ce Que Vous Voulez »

En fait, quand on aime l'art, on avoue facilement être fasciné par la suprématie de la capitale dans ce domaine. Oui, Paris regorge de petits galeries de tableaux, de sculptures ou encore de photographie. En ce qui concerne les installations, on trouve son compte également. En bref il est impossible de tout saisir, de tout percevoir : le temps manque et les parisiens sont pressés. Du reste, on n'a jamais fini de visiter tous les musées qui s'y concentrent, et où les touristes du monde entier se pressent.

Il y a par ailleurs les expositions immanquables, les grandes manifestations temporaires, celles dont tout le monde parle. Et on te met presque inconsciemment une pression d'enfer pour que tu y ailles.

"Pierre Soulages du 14 octobre 2009 au 8 mars 2010 au Centre Pompidou" est un événement qui rentre dans cette catégorie.

Alors j'y suis allée. Trois fois même.

Parce que le lieu est intéressant. Beaubourg est un bel exemple d'externalisation de ce qui est initialement rendu invisible à l'individu car considéré comme laid (et donc "anti-artistique" au demeurant), j'ai nommé la tuyauterie. Un choc architectural des années 1970 similaire à celui que connut l'inauguration de la Tour Eiffel (non mais n'a-t-on pas idée de mettre du métallique au-dessus du nez des gens ?). Aujourd'hui un grand centre culturel qui abrite une très belle collection permanente, et la perspective d'une belle vue sur le quartier de l'Hôtel de Ville depuis le haut du bâtiment auquel on accède par de ludiques escaliers roulants.

Mais aussi parce que l'artiste l'est tout autant (intéressant, je veux dire). Soulages est d'abord un peintre contemporain. C'est gênant : pas question de parler de modernité (Soulages me semble détaché de son époque), ni encore tout à fait de postérité. L'exposition retrace trente années de travail du peintre qui s'impose comme une grande figure de l'abstraction.

Main dans la main avec une petite tête blonde de quatre ans, j'ai ainsi progressé à travers les salles de l'expo pour découvrir cet itinéraire attractif. Brous de noix ("oh du marron couleur feuille morte"), fameux goudrons sur verre, et puis enfin les fameuses toiles plus représentatives du travail de l'artiste depuis les années 1950.

Parfois on se dit que celui-ci doit avoir des actions chez un producteur de peinture ou un truc comme ça : c'est impressionnant la dose qu'il peut utiliser sur certaines oeuvres (Eugène Leroy reste indétrônable cependant sur ce point).

Après un "berk c'est tout noir partout, paaaas beau" (beaucoup d'a priori aussi parmi quelques autres visiteurs qui observent d'un mauvais oeil cet art "simpliste" et "décidément trop sombre" : remarques comme "dans le genre insignifiant, je préférais encore Kandinsky" etc.), les yeux de l'enfant s'écarquillent, et on a le droit à un "wow, regarde, regarde, ça brille là".

Peintre du noir et de la lumière, c'est donc ça ! "Si l'on ne voit que du noir, c'est qu'on ne regarde pas la toile" a-t-il dit.

Moyens limités et nette sobriété (une absence de couleur) mais expression forte : c'est la découverte de "l'outrenoir" qui se matérialise grâce à la luminosité ambiante.

Au sortir de l'exposition, un couple enthousiaste est bien décidé à se procurer une reproduction photographique d'un des tableaux du peintre aveyronnais, et se rend finalement compte de son erreur (le blanc n'est qu'illusion d'optique, la clarté est en réalité tout autre). Bon, on va manger un muffin au café du premier étage ?

Un sourire pour finir fourni par la vidéo de l'artiste nonagénaire diffusée dans la dernière salle : l'art pictural reste à réinventer en permanence. Le message est : "Donnez à un petit enfant un pinceau, il vous fera des merveilles".

Le peinture n'est pas morte. On peut pousser un soupir de soulages-ment.

2 commentaires:

  1. Harry J. MacDouglas10 février 2010 à 10:21

    je ne savais pas qui était cachée derrière ce patronymic and now I get it, thanks
    tes considérations me font toujours sourire
    j'ai fait cette exhibition et je trouve que c'est bien laid out
    (je suis toujours aussi peu compréhensible, n'est-ce pas ?)
    le positif fait du bien
    bon article

    RépondreSupprimer
  2. Lucile Elisa Diaz Michoux19 mars 2010 à 00:59

    Hey petit abricot. Enfait j'écris un truc parce que je te l'avais dit à Vichy alors qu'on etait chez notre poney de love.
    Alors vu que je suis sympa ben j'ai tout lu ! Et j'ai trouvé ça bien écrit petit caribou même si je n'oserais dire de façon si tranchée que la peinture est supérieure à la photo.Mais tu m'as donné envie de retourner au centre Pompidou. Alors un bon point pour toi ! =)Et sinon parce que je m'aime beaucoup je me suis offert un Tshirt johnny =). je t'enverrais une photo.
    LUV YA.

    ton mari/ta femme.

    RépondreSupprimer